Simone, le voyage du siècle

Affiche Simone, le voyage du siècle
Réalisé par Olivier Dahan
Titre original Simone, le voyage du siècle
Pays de production France, Belgique
Année 2022
Durée
Genre Biopic
Distributeur Warner
Acteurs Élodie Bouchez, Elsa Zylberstein, Olivier Gourmet, Judith Chemla, Mathieu Spinosi, Rebecca Marder
Age légal 14 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 886

Critique

Le titre du film est très bien trouvé. En effet, Simone Veil (1927-2017) est l'une des personnalités ayant traversé et incarné le 20e siècle dans ce qu'il a eu de pire et de meilleur, dans ses errements, ses horreurs, ses combats, ses espoirs et ses progrès. À son tour de se voir consacrer un biopic.


La vie (les mille vies, devrait-on dire) de Simone Veil nous est racontée, de son enfance heureuse dans une famille républicaine, laïque et juive à son entrée couverte d'honneurs au Panthéon, en étant passée par la déportation, les camps de la mort, la faculté de Droit, le féminisme, le combat pour la légalisation de l'avortement, la lutte pour les Algériens et contre la torture, l'amélioration des conditions de détention dans les prisons françaises (y compris pour les mineurs et les femmes), divers postes de ministre, la présidence du Parlement européen, l'Académie, la transmission de la mémoire de la Shoah, et tous les obstacles et les ennemis que lui ont rapporté ces différents combats. Le tout en étant également une épouse et une mère. Ses engagements, proches de ceux d'une Gisèle Halimi ou d'un Robert Badinter, forcent le respect. Engagements qui, malheureusement, sont à nouveau d'actualité, alors que des antisémites font valoir le droit à la liberté d'expression et que l'on mène la vie dure à des acquis tels que la décolonisation, l'abolition de la peine de mort ou l'avortement.


Après Edith Piaf (La Môme en 2008) et Grace Kelly (Grace de Monaco en 2014), Olivier Dahan consacre à nouveau à une femme ayant marqué les mémoires un film clinquant, éducatif et au style légèrement impersonnel. Mais ce Voyage du siècle est, et de loin, le meilleur des trois. Notamment à cause de la tenace impression que le metteur en scène n'avait songé qu'à servir la soupe à Marion Cotillard et Nicole Kidman qui se complaisaient dans la performance d'actrice. Ici, l'héroïne est réellement Simone Veil, Elsa Zylberstein (par ailleurs excellente comme toujours) s'efface derrière son personnage et se met réellement à son service. Le film propose également des scènes saisissantes (le débat à l'Assemblée et certains propos moyenâgeux), toutes liées aux combats politiques et sociaux du personnage central. Les scènes relatives à son enfance et sa jeunesse sont plus anecdotiques et parfois un peu longues. Le réalisateur aurait pu gagner quelques minutes en s'attardant moins longuement sur Auschwitz même si, bien sûr, cet épisode fut fondamental dans ce que madame Veil allait devenir. On a toutefois compris assez vite et ces moments s'attardent un peu trop avec un lyrisme pesant. En fait, plus le personnage avance en âge, plus les scènes sont intéressantes, fortes et, pour certaines, passionnantes.


Fluide, le récit constitué de flash-backs et d'ellipses est souligné par une excellente voix off constituée des écrits autobiographiques de Simone Veil. Cela s'attarde à nouveau sur la fin, avec des discours louables, mais qui enfoncent des portes ouvertes. Dans ces quelques moments plus faibles, Olivier Dahan semble vouloir souligner à gros traits ce que l'on sait déjà. Toutefois, grâce à une distribution formidable et une excellente mise en scène, Le Voyage du siècle est un hommage plutôt efficace et on lui pardonne son aspect parfois un peu clinique. "Les livres sont les dépositaires de nos mémoires", disait Simone Veil. Avec ce film, sa propre mémoire est sauve.

Philippe Thonney

Appréciations

Nom Notes
Philippe Thonney 13