The Woman King

Affiche The Woman King
Réalisé par Gina Prince-Bythewood
Titre original The Woman King
Pays de production U.S.A.
Année 2022
Durée
Musique Terence Blanchard, Lebo M.
Genre Historique, Drame, Action
Distributeur Sony
Acteurs Viola Davis, John Boyega, Hero Fiennes-Tiffin, Lashana Lynch, Thuso Mbedu, Sheila Atim
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 886

Critique

Une épopée guerrière basée vaguement sur des faits historiques réels, à savoir des guerres de pouvoir dans le Royaume du Dahomey, un des plus puissants états africains entre le 18et le 19e siècle. Malgré sa volonté féministe et décolonialiste revendiquée et par moments réussie, le film se noie dans un spectaculaire hollywoodien qui annihile trop souvent son propos.


The Woman King (La femme roi) est un film qui raconte l’histoire des Agojie, un groupe de femmes guerrières qui défendait le royaume du Dahomey (sud de l’actuel Bénin) au début du 19e siècle. Centrée sur la générale Nanisca (Viola Davis, actrice oscarisée avec Fences), l’histoire est inspirée d’événements (et d’un contexte historique) réels, mais n’en reste pas moins fictionnelle. Il s’agit d’abord d’un récit d’apprentissage dans la mesure où la perspective narrative nous plonge du côté d’une jeune recrue, Nawi (Thuso Mbedu), qui doit faire ses preuves pour devenir une Agojie et construire (et recouvrer) son identité. Il s’agit aussi d’un récit féministe mettant en scène des femmes un brin rebelles, en pleine possession de leurs moyens, qui refusent toute position subalterne qu’elle soit celle d’une épouse ou d’une servante. Il s’agit enfin d’une réflexion (esquissée) sur le processus de colonisation et plus spécifiquement de la traite négrière qui conduit les peuples africains ici dépeints (notamment l’état limitrophe d’Oyo) à réduire en esclavage leur propre peuple, à l’exception précisément du Royaume du Dahomey dirigé par le roi Guézo (1818-1858) (John Boyega), qui semble avoir la puissance militaire – et surtout l’éthique humaniste – pour y résister et proposer la mise en place d’une alternative dans le commerce des huiles.

Malgré le souci d’ancrer historiquement cette fiction, ce film américain réalisé par Gina Prince-Bythewood et scénarisé par Dana Stevens laisse surtout voir des préoccupations morales et existentielles proprement californiennes qui semblent a priori étrangères à une « Weltanschauung » africaine ou encore béninoise. L’histoire de Nawi rentre notamment en écho biographique avec le vécu de la réalisatrice. Bien entendu, nous l’avons dit, le film n’a pas la prétention de proposer une perspective historique (encore moins historiographiquement motivée) sur cette époque, ni, mais on pourrait tout de même s’interroger sur ses velléités scénaristiques à ce propos, de restituer la parole et les intentions des acteurs historiques. Disons-le tout net : c’est d’abord et avant tout un film d’action avec beaucoup de combats doublés d’une réflexion sur la (re)construction de l’identité dans le contexte de nos individualismes occidentalisés. Cependant, les thématiques relatives au commerce triangulaire, au rapport avec les blancs occidentaux, à la possibilité d’un royaume d’Afrique indépendant (dudit commerce) et autonome sont si présentes, qu’il en devient, du point de vue d’une cohérence entre le fond et la forme, dommage que le récit soit de part en part, au niveau de son esthétique, hollywoodien sans réfléchir à la possibilité que cette esthétique se trouve peut-être en porte-à-faux avec son sujet. Que l’on nous lise bien, il ne s’agit pas ici de juger ce film à travers le prisme de l’appropriation culturelle, écueil qu’à coup sûr les conceptrices du film veulent éviter, notamment grâce à leur distribution remarquable et aussi par leur propos. Mais ce film, qui est donc une projection de l’Afrique, ne montre avant tout que les États-Unis et ses représentations endogènes.

Jonas Pont

Jonas Pont

Appréciations

Nom Notes
Jonas Pont 12
Anthony Bekirov 5