Athena

Affiche Athena
Réalisé par Romain Gavras
Titre original Athena
Pays de production France
Année 2022
Durée
Genre Drame, Action, Thriller
Distributeur Netflix
Acteurs Ouassini Embarek, Anthony Bajon, Alexis Manenti, Dali Benssalah, Sami Slimane, Mehdi Abdelhakmi
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 886

Critique

Esthétisation de la violence à outrance, clip de pubard opportuniste, Romain Gavras s’effondre dans une recherche quasi existentielle de l’image qui tue, surenchère de plan séquence et de ralenti anachronique pour tenter de combler le vide abyssal d’un propos qui n’existe pas. Athena excite donc bien maladroitement les malvoyants criant au grand film, alors qu’il n’en est que caricature.

 

Un jeune de 13 ans est tué sous les coups de policiers. La vidéo tournée envahit les réseaux sociaux, embrase la cité « Athena » avec comme introduction un interminable plan séquence : la mise à feu d’un commissariat par des jeunes cagoulés, le frère du défunt en chef de meute, mais tous filmés indivisiblement comme des chiens enragés, le regard hébété d’une haine qui dégouline. Et c’est l’une des réserves majeures du film, sa vision unilatérale, animale, portée sur ces gamins de cité, incapable de rationaliser une situation, émettre une distance, filmer en masse épaisse et enragée. La vengeance est alors seule maîtresse à bord, la violence n’a donc plus aucune limite, et la guerre civile française fantasmée par Gavras est déclarée. Et comme tout film dangereusement détestable, il implique l’inverse de ce qu’il est censé défendre. En ce sens, il va encore plus loin que Bac Nord (Cédric Jimenez 2020, ndlr), déjà bien exécrable dans le domaine. En effet, le film est tellement stigmatisant, et tentant bien maladroitement la carte de la tragédie grecque (les actes, chœurs, l’incursion policière rappelant une guerre antique) qu’une récupération fasciste ne soit tristement pas surprenante.


L’esthétique très « clip musical » donc (pour rappel le clip de Stress de Justice en 2007 du même Romain Gavras) enfonce l’absence littérale de pensée sur le vaste sujet que l’abandon des cités et la crise morale qui s’empare de leur isolement, pour en faire une livraison de junk food froide et sans saveur, entassant les scènes de guérillas comme un immonde burger multiétages. Je n’ose parler d’écritures, inexistante, à part des « beugleries » là encore filmées à hauteur de bestiaux. La caméra n’est jamais à sa place, soit trop proche et insensible, ou trop distante et indifférente, jusqu’au zoom final, point Godwin ridicule du tatouage nazi, retournement scénaristique bâtard. Déplorable.

Pierig Leray

Appréciations

Nom Notes
Pierig Leray 5
Anthony Bekirov 4