Magdala

Affiche Magdala
Réalisé par Damien Manivel
Titre original Magdala
Pays de production France
Année 2022
Durée
Genre Drame
Distributeur Météore Films
Acteurs Elsa Wolliaston, Aimie Lombard, Olga Mouak, Saphir Shraga
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 885

Critique

Il y avait une forme de réticence à retrouver une mise en scène de Damien Manivel après un difficile souvenir de son second long-métrage « Le Parc » découvert à Cannes en 2016. Mais la singularité de son travail a donné plus de consistance à sa mise en scène, avec en point d’orgue le prix de la meilleure réalisation à Locarno en 2019 avec « Les enfants d’Isadora ». « Magdala » est heureusement plus proche de ce dernier que du « Parc ».


La première image pose le film, Marie-Magdala, disciple préférée de Jésus a été chassée à sa mort, et le récit suivra ses derniers pas d’errance. Elle qui se trouve alors vieillie, les cheveux blancs, les doigts fripés, le regard absent, et l’abattement de son amour perdu sur des pommettes marquées. Son souffle de souffrance résonne dans une forêt, elle, luxuriante et dense, vivifiée par une faune omniprésente. Et qui s’oppose à la vie absente d’une Magdala mortifiée (à l’image de Elsa Wolliaston, grande responsable de la réussite du film). On retrouve immédiatement chez Manivel du Frammartino à filmer la nature comme principal sujet, immuable, salvatrice (l’eau des feuilles, les myrtilles des arbres) et innocente car d’une neutralité totale face au destin tragique de cette femme seule, ne pouvant désormais que s’adresser au ciel sans espoir de réponse.


Puis la seconde partie, bien plus conséquente, apporte la source de réussite du film, et la spiritualité universelle qu’elle engage. Il faut savoir dépasser le sujet « historique », l’apparition de Jésus puis d’un ange venu délivrer Magdala de sa souffrance pour apprécier la beauté d’une dévotion totale, d’un Amour absolu, et son étreinte jusqu’à la mort. On pense notamment à deux plans sublimes, l’un lorsque Magdala offre littéralement son cœur à l’absence, personne n’étant là pour recueillir son sacrifice ultime. Ou encore, cette lumière vitale qui s’éteint peu à peu dans les pénombres d’une grotte, qui n’est pas s’en rappeler la bougie représentante de l’âme et de la conscience du « Tree of life » de Terrence Malick.


Le plan final et cette élévation au ciel semble anecdotique, mais constitue en soi l’évolution inattendue d’un cinéaste qui ose, et dépasse un regard stéréotypé pour s’élever lui-aussi à une grandeur qui, on ne peut que l’espérer, ne cessera de croître. Car « Magdala » est une œuvre entière, pesante, et qui attaque avec lenteur et harmonie, et d’une maîtrise épatante, non pas l’adoration béat religieux, mais le sujet fondateur du don de soi total et de l’engagement absolu.

Pierig Leray

Appréciations

Nom Notes
Pierig Leray 15