Les Goûts et les couleurs

Affiche Les Goûts et les couleurs
Réalisé par Michel Leclerc
Titre original Les Goûts et les couleurs
Pays de production France
Année 2022
Durée
Musique Jérôme Bensoussan, David Gubitsch
Genre Comédie
Distributeur Pyramide Distribution
Acteurs Eye Haidara, Judith Chemla, Félix Moati, Philippe Rebbot, Rebecca Marder, Artus
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 885

Critique

Malgré un message pertinent sur les rapports sociaux dans l’art, ainsi que des efforts louables pour reconstituer un univers musical original, la nouvelle comédie du réalisateur du Nom des gens s’avère décevante. 

Marcia (Rebecca Marder), jeune chanteuse en vogue de la scène parisienne, est profondément inspirée par Daredjane (Judith Chemla), une ancienne icône punk. Lorsque cette dernière décède, Marcia va tout faire pour que l’héritage culturel de Daredjane soit honoré. C’est un sacré défi car l’ayant droit, Anthony (Félix Moati), est un petit neveu éloigné qui n’a aucun intérêt pour la chanson française.

Musique et comédie ont souvent fait bon ménage dans le cinéma français. On pense au génial On connaît la chanson (1997), à Jean-Philippe (2006) ou encore à La Personne aux deux personnes (2008) qui sont d’excellentes comédies utilisant tout le potentiel de leur univers musical. Les Goûts et les couleurs partait donc sous les meilleurs augures, surtout lorsqu’on se rappelle que son réalisateur Michel Leclerc a un talent certain pour la comédie engagée (Le Nom des gens, c’était lui).

L’idée de montrer les rapports de classe à travers le prisme de la musique est prometteuse et Michel Leclerc propose un point de vue plutôt pertinent. En gros, il questionne pourquoi les codes du bon goût sont définis par une certaine élite. Hélas, ses personnages, qui sont archétypes des milieux desquels ils proviennent, ne sont guère crédibles ni aimables. D’un côté on a Marcia qui est une artiste présentée comme pure, intègre et naïve alors qu’il est évident qu’elle n’est qu’un énième produit du système. Difficile dès lors d’adhérer à sa démarche qui est pourtant l’amorce principale du film. En face, Anthony représente un certain prolétariat provincial qui ne connaît rien à l’art et qui se retrouve projeté à la tête d’un patrimoine culturel. Certes, Michel Leclerc réussit à caricaturer le prolétaire sans méchanceté ni condescendance mais il est difficile de croire à cette soudaine reconversion en manager musical ainsi qu’à la romance qui l’unit avec Marcia. Les autres personnages secondaires sont censés représenter les travers du showbiz et se retrouvent souvent empêtrés dans des scènes à vocation satirico-comique pas drôles. On pense à ce pauvre Philippe Rebbot qui malgré tout son talent, n’arrive pas à sauver son rôle d’agent véreux du cliché balourd. Enfin, Michel Leclerc et ses compositeurs ont fait l’effort de recréer tout un univers musical autour de leurs chanteuses. C’est ambitieux ! Les nombreuses clips et chansons qui parsèment le film ont été entièrement créés pour l’occasion. Malheureusement, ces airs musicaux sont insipides, peu inspirés et désamorcent le rythme et le tempo comique du film. Il est donc peu probable que Les Goûts et les couleurs devienne le tube de la rentrée.

Blaise Petitpierre

Appréciations

Nom Notes
Blaise Petitpierre 10