Thor: Love And Thunder

Affiche Thor: Love And Thunder
Réalisé par Taika Waititi
Titre original Thor: Love And Thunder
Pays de production U.S.A.
Année 2022
Durée
Musique Michael Giacchino, Nami Melumad
Genre Aventure, Action, Science fiction, Fantastique
Distributeur Walt Disney
Acteurs Christian Bale, Natalie Portman, Russell Crowe, Chris Hemsworth, Jaimie Alexander, Tessa Thompson
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 882

Critique

Après avoir transfiguré l’Avenger le moins marrant de tous les temps dans Thor: Ragnarok, Taika Waititi nous en ressert une grosse louche, l’intelligence et le goût en moins. La bouchée la plus amère de la saga Marvel depuis les débuts.

Durant les fameuses interviews pré-avant-première, où journalistes et équipe du film jouent à ne rien dévoiler tout en essayant quand même de dire quelque chose, le réalisateur Taika Waititi se plaisait à résumer le projet de Thor: Love And Thunder en une formule bien sentie: «C’est comme si on avait demandé à des enfants ce qu’ils voudraient voir et qu’on avait dit oui à toutes leurs propositions». On espérait y voir le signe de l’humour déjanté du cinéaste mais le résultat est un patchwork mal cousu d’idées non abouties et de blagues qui tombent à plat. Ces vignettes dialoguées sont vaguement ponctuées de scènes de combat sans le moindre souffle épique, d’un méchant trop bien pour le film et d’instants d’émotion digne des pires téléfilms.

Taika Waititi aurait-il continué dans la destruction du mythe (Thor) et du genre (le film de super-héros), après la franche réussite de Thor: Ragnarok? En effet, que peut bien faire un héros si ce n’est répéter sans cesse les mêmes combats joués d’avance, redire les mêmes phrases d’encouragement un peu pompeuses, tout en y croyant de moins en moins? Les premières scènes pouvaient laisser espérer une telle posture. Mais non, le film se ravise en cours de route - sans qu’on ne sache vraiment où, tant, d’un bout à l’autre, le ton sonne faux, les images sont plates et illisibles et les acteurs bien en peine de produire quelque chose de convaincant.

Et c’est peut-être là le plus décevant. Dans l’opus précédent, non seulement Waititi savait ménager de vrais moments spectaculaires (la charge finale - et rock’n’roll - de Thor, devenu véritable dieu du tonnerre), mais il avait réussi à insuffler de la vie et de l’inattendu dans des personnages déjà bien usés en faisant la part belle à l’improvisation lors du tournage. Les chapitres conclusifs époustouflants d’Avengers: Infinity War et Endgame avaient fini de faire de Thor l’un des personnages les plus intéressants de la saga. On se réjouissait donc de retrouver la petite équipe qu’il forme avec Valkyrie (Tessa Thompson), Korg (Taika Waititi) et les Gardiens de la Galaxie, ici renvoyés au fin fond de l’univers après une apparition qu’on hésite à qualifier de caméo. Et la promesse du retour de Jane Foster (Natalie Portman), ancienne amante et personnage oublié des derniers opus, avait de quoi faire espérer de jouissives confrontations. Mais il aurait fallu pour cela un peu plus que deux lignes de dialogues et trois mauvaises blagues entre chaque personnage, pour nous donner envie de partir avec eux à la recherche de Gorr, le boucher des dieux.

Ce dernier, incarné par un Christian Bale comme toujours remarquable, reste la meilleure (et seule?) réussite du film. Les scènes le concernant convoquent une esthétique bien plus sombre, proche parfois de l’abstrait mais qui parvient à recréer un univers cohérent, là où le reste de l’intrigue saute d’un non-lieu à l’autre. Malgré tout, Gorr demeure une anomalie, incapable d’attirer à lui - tel un astre noir - le reste d’une narration par ailleurs privée de la moindre tension. Ce ratage culmine dans les cinq dernières minutes, où même le méchant se retrouve anéanti par la balourdise du message global (que le titre suggérait déjà). Ratage qui semble devoir se reproduire puisque apparaît à la fin du générique la phrase fatidique: «Thor reviendra». Eh bien, c’est pas sûr qu’on y sera!

Adèle Morerod

Appréciations

Nom Notes
Adèle Morerod 8