Peter von Kant

Affiche Peter von Kant
Réalisé par François Ozon
Titre original Peter von Kant
Pays de production France
Année 2022
Durée
Musique Clément Ducol
Genre Comédie dramatique, Drame, Comédie
Distributeur Diaphana Distribution
Acteurs Isabelle Adjani, Hanna Schygulla, Denis Ménochet, Khalil Gharbia, Stefan Crepon, Aminthe Audiard
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 881

Critique

Dans son dernier film, François Ozon propose une seconde adaptation de la pièce Les larmes amères de Petra von Kant de Rainer Werner Fassbinder - la première ayant été réalisée par le cinéaste allemand lui-même. Mais modifiant le rôle principal en un alter ego de Fassbinder, Ozon propose une touchante réflexion sur la part personnelle que l’artiste intègre dans ses œuvres.

Peter von Kant (Denis Ménochet) est un célèbre réalisateur qui vient de rompre avec son petit ami. Il reçoit la visite de sa meilleure amie Sidonie (Isabelle Adjani), une actrice qu’il a révélée lors de ses premiers films. Celle-ci lui présente Amir (Khalil Ben Gharbia), un jeune homme d’origine modeste dont Peter s’éprend immédiatement. Peter lui propose directement un rôle, puis de vivre chez lui. Après des mois passés ensemble, Amir ne cherche plus à faire semblant d’aimer Peter. Il est agressif, lui parle mal et le néglige. Il profite de l’amour que ce dernier lui porte pour accéder à un statut social supérieur et une reconnaissance en tant qu’acteur. Peter refuse de voir la vérité et préfère souffrir.

Ce film est une adaptation de la pièce de théâtre Les Larmes amères de Petra von Kant de Rainer Werner Fassbinder - déjà transposée au cinéma par le cinéaste allemand une fois. François Ozon change Petra en Peter, et fait du rôle de Peter l’alter ego de Fassbinder - jusqu’à la ressemblance physique. La mise en scène emprunte beaucoup au théâtre, sans pour autant en devenir outrancière: le film s’ouvre et se ferme par des rideaux; les plans larges sont souvent frontaux; l’élocution des personnages mime celle de comédiens - exubérante.

Et c’est l’exubérance qui définit Peter. Mais tout exubérant qu’il soit, il reste touchant de sincérité. Chez lui, tout est passionnel: l’amour se déclame, la joie se danse, la colère explose les objets de son appartement et la souffrance brûle les portraits de son amoureux. C’est un homme amoureux de l’amour et victime de la cristallisation. Ainsi, Amir profite de lui. Mais Peter le place de lui-même dans une position d’acteur: au lieu de discuter pour faire connaissance, il lui fait vivre l’équivalent d’un casting en le filmant. Et ce, non pas pour un rôle précis mais pour être le prochain homme de sa vie. Peter est en transcendance et prend la caméra des mains de son assistant Karl (Stefan Crepon). C’est comme si cet objet lui permettait de mettre à nu Amir. Elle ne semble cependant pas accomplir cette magie révélatrice.

Le film met en avant les dynamiques de pouvoir qui se construisent au sein des relations, en amour, au travail et dans l’art. Amir a tous les pouvoirs sur Peter puisqu’il le possède de sa peur de le perdre. Sidonie nourrit des faux-semblants d’amitié pour ses intérêts carriéristes. Tous deux sont des acteurs au sein de leur vie privée. Les relations entre artistes seraient-elles vouées à exister par intérêts? La scène finale proposera à cette question une réponse amère comme les larmes de Peter.


Myriam Guyénard

Invité.e

Appréciations

Nom Notes
Invité.e 16
Anthony Bekirov 14