C'est magnifique !

Clovis Cornillac tente une comédie sur le ton de la fantaisie. Malheureusement, la fable est criarde, l’innocence n’a rien de spontané, la magie est technique et la comédie est désolante. 

L’acteur-réalisateur Clovis Cornillac a été l’un des comédiens les plus stakhanovistes du cinéma français du début des années 2000. Il a tourné dans pas moins de 34 longs métrages entre 2000 et 2010, devenant une figure familière des grandes comédies populaires (Astérix aux Jeux Olympiques, Brice de Nice, Lucky Luke). Depuis, il a quelque peu diminué le rythme et s’est attelé à la réalisation de fables romantiques ou familiales qui n’ont pas vraiment convaincu (Un peu, beaucoup, aveuglément et Belle et Sébastien 3). Avec C’est magnifique!, il revient vers le même type de proposition, plutôt séduisante sur le papier: mélanger fantastique et comédie pour rendre hommage à la candeur et à l’innocence, tout en jouant avec un effet central dans le cinéma, la couleur.

Pierre Feuillebois (Clovis Cornillac) récolte son miel à l’écart de la société dans ses montagnes où il a été élevé. À la mort de ses parents à la suite de la chute d’un arbre sur leur maison, il apprend qu’il est adopté et se met en quête de sa véritable maman. Pour ce faire, il devra quitter ses fleurs, ses montagnes et se frotter à la méchante et cynique société des villes. Le stress de la vie urbaine va lui faire perdre peu à peu ses couleurs... comme une fleur qui fane. 

Force est de constater que malgré l’expérience de ses innombrables tournages, Clovis Cornillac n’a pas encore les épaules pour réussir ce genre de film. Tout y est criard, à l’image du message qui dégouline tel le miel que récolte Pierre. Les références à Dario Moreno sont ringardes, le personnage de Pierre se veut burlesque mais ne fait jamais rire et les effets spéciaux censés ajouter une touche de magie et de fantaisie ne font que de rendre le film encore plus froid et calculé. La comédie est un genre qui requiert minutie dans l’écriture et précision dans le rythme. Cornillac préfère s’adonner à la niaiserie dans la fable, à la magie de l’étalonnage numérique et propose une «innocence» qui manque totalement de spontanéité. L’humour est même carrément rance, notamment lorsqu’il s’amuse de son personnage féminin, une mère célibataire (Alice Pol), rongée par la culpabilité, ex-alcoolique, hystérique mais résiliante aussi. Quand le générique apparaît après une pompeuse dédicace «À ceux qui nous ont faits», on se demande de quels péchés seraient coupables nos parents pour mériter ça.