The Last Bus

Affiche The Last Bus
Réalisé par Gillies MacKinnon
Titre original The Last Bus
Pays de production Grande-Bretagne, Emirats Arabes Unis
Année 2021
Durée
Genre Comédie dramatique, Drame, Comédie
Distributeur Filmcoopi
Acteurs Timothy Spall, Phyllis Logan, Saskia Ashdown, Grace Calder, Celyn Jones, Brian Pettifer
Age légal 12 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 879

Critique

Ce road movie pour le moins étrange se fait peu à peu réflexion sur le temps qui passe, et celui qui reste. Le tout illuminé par un Timothy Spall dans le rôle de sa vie. 

Un vieil homme se lance dans un périple à travers l’Écosse et l’Angleterre pour retrouver les lieux où, bien des années auparavant, s’est nouée l’histoire de son couple. De bus en bus, aux horaires et arrêts soigneusement consignés dans un petit carnet, une valise coincée sous le bras comme si sa vie en dépendait, il va. Quelques rencontres rythmeront ce drôle de pèlerinage, des êtres plus ou moins sympathiques, des problèmes plus ou moins graves. Mais surtout, l’accompagnent des souvenirs de sa femme, de leurs jeunes années, comme un moteur amer et doux.

On devine assez vite l’événement originel qui est au cœur d’une telle aventure, pourquoi lui et son épouse sont partis il y a bien longtemps de Land’s End pour l’Écosse mais le film ne cherche guère à jouer sur un faux suspense. C’est que l’essentiel est ailleurs, dans l’oscillation entre passé et présent. Toujours, les scènes sont fugaces, emplies de peu de mots; c’est qu’il s’agit moins de marquer les jalons importants d’une vie que de dire au contraire les moments quotidiens, suspendus au fil de la mémoire, ceux qui demeurent à la fin. Une course joyeuse, main dans la main, le long d’une digue, une silhouette aimée penchée sur un carré de jardin, un bar ayant échappé au temps, havre de paix inespéré dans un voyage assombri par l’absence. 

L’air de rien, par son rythme lent, rarement accéléré - même lorsque surgissent des obstacles -, le film impose sa puissance évocatrice, presque méditative. Et soudain, l’impression d’avoir assisté à tout un amour, en l’espace d’un film, saisit le spectateur à la gorge: l’usure du temps sur les corps, les rêves mais aussi tout ce qu’il permet d’attachement, de résistance, au-delà de toute présence physique au monde. Il faut dire que chacune de ces réalités est inscrite sur le visage de Timothy Spall, absolument magnifique, qui porte le film, de toutes ses forces, jusqu’au bout du chemin. 

On regrettera seulement la nécessité d’inclure les réseaux sociaux dans cette histoire intimement personnelle. L’homme, devenu à son insu une petite curiosité dans les médias, est filmé au cours de son trajet par divers téléphones portables. Une piste parallèle d’autant plus inutile qu’elle est indifférente au protagoniste lui-même, tout comme les gens ignorent le sens de sa démarche. Quel dommage, dès lors, de clore le film sur les vidéos captées, là où l’on aurait tellement préféré pouvoir rester sur l’image de cet amour lumineux et silencieux enfin accompli.

Adèle Morerod

Appréciations

Nom Notes
Adèle Morerod 14