Incroyable mais vrai, comédie légère sur deux couples qui refusent de vieillir, ravira les amateurs du cinéma de Quentin Dupieux.
Dupieux est un expert des scénarios loufoques, qui partent d’une situation banale pour y intégrer une composante résolument absurde et développer ainsi des situations et des personnages hauts en couleurs. De Rubber (2010), l’histoire déjantée d’un pneu tueur en série dans le désert californien, au récent Mandibules (2020) avec ses deux bons-à-rien espérant s’enrichir grâce à une mouche géante, en passant par le personnage incarné par Jean Dujardin dans Le Daim (2019), sombrant dans la folie à cause de son obsession pour son blouson en daim, tous ses récits ont le chic pour injecter dans le quotidien une imagination décalée toujours bienvenue.
Incroyable mais vrai s’inscrit parfaitement dans la lignée de ses films précédents: un couple de quadragénaires, incarnés par Alain Chabat et Léa Drucker, achètent une maison contenant un étrange conduit. Celui-ci permet à celui ou celle qui le traverse de rajeunir physiquement de quelques jours, tout en faisant un bond de quelques heures en avant dans le temps. Séduite par la perspective d’une telle cure de jouvence, Marie se met à utiliser le couloir magique de manière excessive, sous le regard d’abord amusé, puis inquiet, de son époux Alain. En parallèle de la course effrénée de Marie vers une nouvelle jeunesse, le film suit les péripéties d’un autre couple, dont le refus de prendre de l’âge se manifeste d’une manière tout aussi singulière: le mari, personnage grossier et content de lui, se rend dans une clinique au Japon pour améliorer mécaniquement ses parties intimes, pour le plus grand plaisir de sa compagne - qui ne se gêne toutefois pas pour le tromper...
Ces deux histoires entremêlées permettent au cinéaste d’articuler entre elles des séquences aux dialogues hilarants, dont les comédiens et comédiennes s’emparent avec brio - la direction d’acteurs de Dupieux est toujours excellente. De plus, derrière les moments de franche rigolade, se déroule un propos intelligent et sensible sur le temps qui passe et les angoisses qui peuvent en découler.
On remarquera toutefois dans Incroyable mais vrai un phénomène typique de plusieurs de longs métrages du cinéaste, qui constitue son seul bémol: après des prémices et un développement narratif extrêmement maîtrisés, la dernière partie, qui se présente sous la forme d’une séquence de montage musical sans dialogues dénouant visuellement chacun des fils de l’intrigue, semble presque précipitée. Comme si Dupieux se lassait de son scénario et tentait de le conclure au plus vite pour passer à autre chose. Un choix de mise en scène radical qui prend le risque de laisser le spectateur, pourtant conquis, légèrement sur sa faim.
