Critique
Quand il apprend que sa femme vient d'être tuée dans un accident de voiture, Quoyle (Kevin Spacey) a le sentiment de toucher le fond. Rien ne lui a réussi jusqu'ici. Sauf peut-être sa fillette. Si bien que lorsque sa tante (Judi Dench) frappe à sa porte, il hésite un peu, puis accepte de partir avec elle vivre au pays de leurs aïeux. Ce n'est pas un choix anodin. Ce pays, c'est l'île de Terre Neuve, un rendez-vous de tempêtes et de légendes. Quoyle n'a plus rien à perdre, il relève ce défi et se retrouve bientôt face à une immense bâtisse de bois que le vent et la pluie traversent en toute liberté.
L'histoire est jolie, racontée selon les ingrédients classiques, trois grains de kitch, une cuillère à soupe de romanesque, un zeste de mystère. Le paysage, lui, est authentique, Lasse Hallström a tourné son film sur le motif. Et c'est ce qui donne au récit un peu du sel marin qui rend l'oeuvre agréable. A noter aussi le caractère généreux de Quoyle, un semi-raté sympathique que Kevin Spacey campe on ne peut mieux. Mais il arrive tant de drames à ces habitants de Terre Neuve et leurs hôtes d'adoption, que seul le paysage reste crédible. On dirait d'ailleurs que Judi Dench le sait, elle dont le jeu n'est qu'une surenchère, à l'image de la mauvaise saison. A ce jour, le meilleur film de Lasse Hallström reste probablement GILBERT GRAPE (1993).
Geneviève Praplan