Tom Medina

Affiche Tom Medina
Réalisé par Tony Gatlif
Titre original Tom Medina
Pays de production France, Suisse
Année 2021
Durée
Musique Tony Gatlif, Delphine Mantoulet, Karoline Rose Sun
Genre Drame
Distributeur First Hand Films
Acteurs David Murgia, Slimane Dazi, Karoline Rose Sun, Suzanne Aubert, Lyes Ouzeri, Romain Carbuccia
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 879

Critique

La photographie sublime du dernier long métrage de Tony Gatlif témoigne de son attachement aux marais salés de la Camargue, contrée mystique, ainsi que de leur rôle solaire dans la rédemption de son protagoniste, Tom Medina, interprété avec justesse et une belle intensité par David Murgia. Immersion dans le quotidien d’un gardian, dans un mas provençal, où superstitions et mystères participent à la magie de ce film.

Tom Medina s’ouvre sur une scène magistrale où un jeune homme imprévisible bondit des gradins pour affronter un taureau dans l’arène. Cette séquence inaugurale est une véritable chorégraphie, dont la magie vous saisit à bras-le-corps.                   

On retrouve ensuite le jeune toréador, montera vissée sur la tête, perdu au milieu d’une plaine marécageuse, à la recherche des Saintes-Maries-de-la-Mer. L’on comprend graduellement que Tom Medina doit effectuer un séjour de rupture chez Ulysse (Slimane Dazi), gardian de taureaux et de chevaux à l’état mi-sauvage, sous ordre d’un juge. Tom y apprend le métier à ses côtés et va tenter de retrouver une respectabilité, lui dont la réputation le précède. «C’est un voleur, personne ne sait d’où il est.» Son destin semble tout tracé: soit la misère, soit la prison. Ce jeune impétueux essaie de s’émanciper, de donner tort à cette destinée qui semble lui coller à la peau. «Tom Medina, je l’ai inventé»: sans en dévoiler davantage, cette confession fait écho à la vie de Tony Gatlif, et joue habilement avec le rôle de la fiction, et du cinéma, dans leur transcription de la réalité. Cette réplique met aussi en lumière le rôle que l’on est parfois obligé d’endosser en société pour se donner une certaine contenance, mais que l’identité cachée derrière ce masque est souvent plus complexe et plus riche.

Pour ce dernier long métrage, Tony Gatlif a puisé dans sa propre trajectoire, sans pour autant être autobiographique. Le cinéaste s’est notamment inspiré de l’éducateur qui l’a aidé dans les années 1960, alors qu’il était à la rue, après avoir fui l’Algérie. Tom Medina est un hommage à cette Camargue qui l’a accueilli alors adolescent en perte de repères. D’ailleurs, l’on peut dire que la Camargue et ses vastes étendues de marais salants peuplées d’animaux sont aussi les protagonistes de ce film. La photographie lumineuse de Patrick Ghiringhelli, ainsi que
les prises de vue animalières de Marc Rebuttini, donnent lieu à de magnifiques scènes à travers les cavalcades fougueuses des chevaux. À noter que le tournage a été réalisé sans trucage numérique: un véritable taureau blanc apparaît dans
la chambre de Tom. L’animal pouvant charger à tout instant, le directeur de la photographie et le réalisateur ont pris des risques pour le filmer de près, donnant une intensité supplémentaire aux séquences.

Tom Medina nous plonge dans une Camargue méconnue et envoûtante. Ce récit, animé par la flamme et la passion communicatives du protagoniste, est sublimé par une bande-son originale, tricotant musiques tsiganes et cris exutoires de Stella (Karoline Rose Sun) sur des riffs rageurs de guitares électriques. Ce film est un beau moment d’évasion, un bol d’air salutaire. Une ode à la liberté, chère à la communauté tsigane!

                                   

    



    


Noémie Desarzens

Appréciations

Nom Notes
Noémie Desarzens 18