Réalisé par | Matthew Saville |
Titre original | Juniper |
Pays de production | Nouvelle-Zélande, U.S.A. |
Année | 2020 |
Durée | |
Genre | Drame |
Distributeur | Cineworx |
Acteurs | Charlotte Rampling, Marton Csokas, George Ferrier, Edith Poor |
Age légal | 12 ans |
Age suggéré | 12 ans |
N° cinéfeuilles | 878 |
Le réalisateur confie s'être largement inspiré de son enfance pour écrire ce film, qui est donc à de nombreux égards autobiographique. Juniper est ambitieux et tourné avec beaucoup de soin, c'est un film sentimental qui ne tombe jamais dans le sentimentalisme. Toutefois, le caractère trop monolithique des deux personnages principaux déroule un scénario finalement sans surprises.
Sam est un jeune homme en proie aux idées noires, qui vit avec son père dans une maison située dans la magnifique campagne néo-zélandaise. Sa grand-mère Ruth, une infirme qui boit des litres quotidiens de Gin, vient vivre avec eux, ce que Sam a du mal à accepter. Leur hostilité de chien et chat finira cependant par s'estomper pour faire place à de la complicité et du réconfort mutuel. Le jeune homme découvrira également, à sa grande surprise, une femme qui a des choses à dire et à partager, des secrets à soulager.
Charlotte Rampling fait le boulot, et comme à son habitude le fait bien. Son talent, son regard toujours aussi troublant, sa délicatesse et son statut d'icône légendaire servent le personnage de Ruth. On se demande toutefois pourquoi elle ne pense qu'à boire, et on a souvent envie de lui enlever sa bouteille pour voir ce qui se passerait. Cette habitude destructrice autour de laquelle tourne désormais toute la vie de Ruth influence ses actes jusqu'à l'absurde. La voilà soudoyant les copains de son petit-fils avec des litres d'alcool pour qu'ils acceptent de nettoyer son jardin – c'est un peu simpliste. Idem pour Sam. Certes, sa mère est décédée, mais cela est-il une raison suffisante pour qu'il ne pense qu'à accrocher une corde au premier arbre venu ? Là se trouve l'écueil du scénario, ces êtres prévisibles qui ne se révèlent qu'à la toute fin, une fin que l'on voit arriver un bon bout de temps à l'avance mais qui n'en est pas moins très belle. Avec un peu d'imagination, ces personnages, malgré leurs soucis, auraient pu se révéler bien plus riches et diversifiés qu'ils ne le sont. Étonnamment, ce sont les seconds rôles qui sont plus étoffés et touchants, malgré leur importance limitée dans le récit. Le père de Sam (le toujours excellent Marton Czokas) et l'infirmière à domicile (Edith Poor) apportent plus d'émotion, de tendresse et de sentiments variés que les deux héros.
La mise en scène est très réfléchie, un peu trop par moments. Le film aurait sans doute gagné, à tous points de vue, à être un peu plus "Art et essai". En effet, la réalisation soignée, les moyens financiers et les stars au générique ne sont pas forcément incompatibles avec ce type de cinéma. On comprend toutefois l'envie de solennité du réalisateur, qui réussit à aborder les sujets de la mémoire, de l'espoir et de la maladie sans les appuyer et même, par moments, avec une grande délicatesse. Si le cinéaste s'était laissé aller à un peu plus de folie, cela n'aurait pas nui, au contraire, à la gravité et à la force du récit principal. Pour résumer, Juniper est un film aux belles images, à l'émotion parfois bien réelle, aux acteurs convaincants, mais qu'un petit nombre de maladresses amoindrit passablement, ce qui est vraiment dommage.
Philippe Thonney
Nom | Notes |
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Philippe Thonney | 12 |