Réalisé par | Nina Stefanka |
Titre original | Miraggio |
Pays de production | SUISSE |
Année | 2020 |
Durée | |
Genre | Documentaire |
Distributeur | First Hand films |
Age légal | 12 ans |
Age suggéré | 12 ans |
N° cinéfeuilles | 878 |
Les difficultés, les drames conséquents de la migration sont connus. Ce qui est différent dans le film de Nina Stefanka, c’est qu’il fait du spectateur un témoin direct de la réalité.
La mer est si belle, avec ses pastels d’aurore. L’image éclaire le générique d’une grande douceur. Et puis d’un coup, elle cède la place à un gros-plan sur Issa. Il est malien, arrivé à Rome après dix ans d’un voyage qui lui a pris tout son argent : impossible d’envoyer quelques euros à sa famille, impossible de rentrer chez lui. Pour le moment, il n’a que son coin de rue pour dormir, près d’une fontaine où il peut boire et faire sa toilette. Il cherche du travail. Yassine, lui, en a trouvé en Calabre, dans les champs. Mais depuis trois ans qu’il gratte le sol aride, sa condition n’a pas évolué d’un pouce et il se décourage. Drissa et Sekou ont la chance de vivre dans un centre d’asile, pourtant leur situation n’en est pas moins fragile : s’ils ne reçoivent pas le permis de séjour qu’ils ont demandé, ils devront partir.
Tous sont mélancoliques, tous racontent des bribes de leur vie, pourquoi ils sont partis, ce qu’ils espèrent sans plus oser y croire. Ils connaissent les lois, suivent correctement les démarches que leur indiquent les assistants sociaux et finissent toujours par se heurter à une bureaucratie plus riche en paradoxes qu’en empathie. Ils nourrissent des regrets, - n’auraient-ils pas dû rester chez eux ? -, mais au Mali, c’est la guerre et il n’y a pas de travail.
Née à Zurich en 1978, Nina Stefanka a appris le cinéma à Cologne et travaille comme réalisatrice depuis une dizaine d’années. Dans Miraggio, elle a voulu dépeindre « l’attente, une sorte de vide » qui caractérise la migration. Elle et l’actrice malienne Balkissa Maiga (traductrice et scénariste de Miraggio) ont consacré beaucoup de temps à la recherche des personnages du film. Il a fallu gagner la confiance en expliquant qui elles étaient, ce qu’elles comptaient faire, ce qu’elles attendaient d’eux. « Il y avait un grand scepticisme à notre égard. Nous leur avons beaucoup parlé ; la langue est un élément clé de la confiance. »
Travailler avec une traductrice a beaucoup apporté en réalisme. Les Maliens qui s’expriment parlent surtout leur langue, ce qui donne à leur témoignage une grande précision. Pour le tournage, il a fallu obtenir les autorisations, travailler aussi avec les employés des bureaux d’immigration. Et puis s’adapter aux situations les plus diverses, cela ne va pas de soi. Par exemple, filmer Issa qui s’endort sur le trottoir enroulé dans sa couverture, puis rentrer chez soi et se glisser dans un bon lit… « C’est cette injustice mondiale que vous devez endurer », relève-t-elle.
Nina Stefanka a accepté les tensions permanentes et refusé le piège de la pitié ou du mélo. C’est la force de son documentaire qui semble fabriqué par une caméra tombée là, par hasard et qui capte tout ce qui passe devant son objectif. La force de ce documentaire, donc ? Oui, parce qu’il plonge le spectateur dans des histoires qu’il entend tous les jours sans les comprendre. Avec Miraggio, l’occasion lui est donnée de participer, un peu, à un quotidien qui se déroule tout à côté du sien, entre parenthèses.
Geneviève Praplan
Nom | Notes |
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Geneviève Praplan | 15 |