L’Ami - Portrait de Mix & Remix

Affiche L’Ami - Portrait de Mix & Remix
Réalisé par Frédéric Pajak
Titre original L’Ami - Portrait de Mix & Remix
Pays de production SUISSE
Année 2022
Durée
Musique Helioswarin
Genre Documentaire
Distributeur Agora
Age légal 8 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 877

Critique

Le dessinateur et écrivain franco-suisse Frédéric Pajak est devenu cinéaste afin de rendre hommage à son ami Philippe Becquelin (1958-2016), star en Romandie et bien parti pour conquérir Paris sous le pseudonyme de Mix & Remix. Le célèbre dessinateur de L’Hebdo et du Matin Dimanche est l’objet de ce documentaire pas totalement abouti pour le plus large public, mais sincère et chargé de sentiments.

«Je réalise ce film comme je fais certains de mes livres; parce que j’ai très peur qu’on oublie les gens», a déclaré Frédéric Pajak. Plus d’une vingtaine d’intervenants (collaborateurs, amis, famille) partagent face caméra leurs souvenirs et leurs réflexions sur la vie et l’œuvre de Mix & Remix, entrecoupés d’images d’archives, d’interviews de l’intéressé et d’un grand nombre de ses dessins.

Le cinéaste confie avoir fait ce film comme une lettre à un ami. La démarche est louable mais là se trouve parfois l’écueil du projet, car le grand public, ceux qui n’ont pas personnellement connu ou côtoyé l’artiste, ne se sentent pas toujours concernés par ce qui est raconté. Le spectateur regrette par moments que le film ne soit pas plus creusé que juste un hommage d’un ami à un autre. Certaines anecdotes (sur son entrain à faire la fête jusqu’au bout de la nuit à la Dolce Vita ou ailleurs, par exemple), n’éclairent guère le public sur la démarche créative de Mix & Remix.

Toutefois, plus le film avance plus cet écueil s’amenuise, et toute la seconde partie est bien plus intéressante. C’est principalement grâce aux interviews d’archives de l’artiste lui-même que l’on découvre plusieurs éléments pertinents sur son travail, ses regrets, ses pensées, sa démarche. Interrogé sur le style Charlie Hebdo, Mix confie n’avoir jamais cherché à pousser trop loin la provocation directe, afin de ne pas «être obligé d’endosser l’armure du chevalier de la liberté d’expression et de la laïcité». Lui ou ses proches se confient également sur les aléas du succès, accompagné de l’épuisante pression quotidienne d’être à la hauteur et de ne pas décevoir. Nous découvrons aussi que plus le temps passait, plus l’artiste était contrarié de voir son expression limitée à ses célèbres petits bonshommes, aurait aimé revenir aux Beaux-Arts afin d’être plus un artiste-peintre qu’un amuseur. Enfin, nous apprenons le presque soulagement de Mix à l’annonce de sa maladie, excellent prétexte selon lui pour pouvoir arrêter de dessiner à la chaîne, et quitter le rythme de production effréné et épuisant qui était devenu son quotidien.

Ce sont donc les interviews de Mix et de ses proches qui sont les plus intéressantes, sur sa jeunesse dans une famille dans laquelle le recul et l’ironie étaient de mise, sur son passage aux Beaux-Arts et au poste de guet à la cathédrale, sur enfin sa vision de la liberté d’expression démontrée par de nombreux dessins. Pajak résume en une phrase la personnalité de son ami disparu: «Il avait le côté lumineux de celui qui a gardé son âme d’enfant».

Philippe Thonney

Appréciations

Nom Notes
Philippe Thonney 13