107 Mothers

Affiche 107 Mothers
Réalisé par Péter Kerekes
Titre original Cenzorka
Pays de production Slovaquie, République tchèque, Ukraine
Année 2020
Durée
Genre Drame
Distributeur Trigon
Acteurs Maryna Klimova
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 876

Critique

Entre réalité et fiction, ce film parfois déroutant aborde une thématique peu explorée: le parcours des femmes enceintes et jeunes mamans incarcérées. Un objet intéressant mais trop clinique, qui laisse difficilement la place à l’émotion.

Enceinte, Leysa (Maryna Klimova) doit purger une peine de sept ans de prison pour avoir assassiné son mari. Dans le pénitencier d’Odessa, elle fera la connaissance de plusieurs autres femmes et de la gardienne Iryna (Iryna Kiryazeva), qui nouera un lien spécial avec Leysa et son enfant.

Le réalisateur Péter Kerekes, venu du documentaire, allie ici récit fictionnel et témoignages des prisonnières de l’établissement pénitentiaire numéro 74 d’Odessa, qui jouent leur propre rôle et livrent des confessions face caméra ponctuant la réalisation. Son début peut sembler un peu décousu (on ne sait pas vraiment quel style, quel axe ni quel arc narratifs nous allons suivre) et déroutant de par ce traitement dichotomique, et ce déroulement de séquences qui ne semblent pas avoir de lien entre elles ou dont le but reste vague. Pourtant, c’est finalement ce caractère double qui donne tout son charme au film, lorsque celui-ci trouve son équilibre. L’œuvre joue en effet sur une certaine ambivalence sur plusieurs points, offrant des contrastes bienvenus qui empêchent de totalement tomber dans le pathos.

La tonalité d’abord: si le sujet abordé est lourd et parfois tragique, l’œuvre sait également se montrer cocasse. Citons notamment cette scène où les mères, alignées sur un banc, reçoivent leurs nourrissons entassés sur un chariot pour les allaiter. L’humour absurde vient alors contrebalancer la tristesse de la perte de l’intimité.

La représentation des détenues ensuite: on est amené à compatir avec elles et leur sort peu enviable, mais on ne nous laisse pas pour autant oublier que, pour en arriver à cette situation, elles ont commis un meurtre et ne regrettent pas forcément leur geste. Le discours qu’elles tiennent face caméra est d’ailleurs lui aussi quelque peu ambivalent, puisqu’il s’agit du récit de crimes passionnels mêlant donc intrinsèquement violence et amour, le deuxième étant le catalyseur de la première.

Et enfin, le comportement de la gardienne de prison, Iryna: celle-ci n’est pas toujours tendre avec les femmes qu’elle doit surveiller, mais cela ne l’empêche pas de voir en elles des personnes dignes d’être aidées. Le personnage d’Iryna est par ailleurs assez intéressant. Elle n’est peut-être pas enfermée dans une cellule, mais les craintes de sa mère quant à son célibat, la pression à laquelle elle est soumise par rapport aux attentes de la société et la déception qu’elle ressent à ne pas être mère elle-même forment bel et bien une prison de laquelle elle peine à s’échapper.

Malgré tout, le film présente un défaut: son manque d’impact émotionnel. Les liens entre les personnages paraissent superficiels (on ne comprend pas pourquoi Iryna s’attache à Leysa plus qu’à une autre, par exemple) ou peu exploités (les relations mère-enfant, par exemple). Cela n’entache cependant pas la qualité de l’œuvre, dont la fin ouverte laisse s’infiltrer l’espoir et l’optimisme.


Amandine Gachnang

Appréciations

Nom Notes
Amandine Gachnang 16