Stürm: La liberté ou la mort

Affiche Stürm: La liberté ou la mort
Réalisé par Oliver Rihs
Titre original STÜRM: BIS WIR TOT SIND ODER FREI
Pays de production SUISSE
Année 2020
Durée
Musique Beat Solèr
Genre Comédie dramatique, Policier
Distributeur Ascot Elite
Acteurs Joel Basman, Anatole Taubman, Marie Leuenberger
Age légal 14 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 875

Critique

«Je suis parti chercher les œufs de Pâques.» C’est le message laissé à ses geôliers par le «roi de l’évasion» Walter Stürm lors de l’une de ses nombreuses tentatives victorieuses. Je me souviens, dans mon enfance, avoir entendu les adultes l’évoquer avec un mélange d’incrédulité et de sourires.

Pendant des décennies, Walter Stürm a fait parler de lui et amusé le pays grâce à huit évasions spectaculaires, à son talent pour les déguisements et perruques, à un humour dont la phrase ci-dessus est un bel exemple, à son envie de narguer ses poursuivants avec malice, bref, grâce à un certain panache. Il n’était pas un Robin des Bois, mais pas non plus un ennemi public sanguinaire. Spécialisé dans les vols de voitures, les cambriolages et avec un braquage à son actif, ce sont surtout son attitude fanfaronne et ses évasions qui ont alourdi la facture. Affaibli, découragé et malade, il s’est finalement donné la mort dans sa cellule de Frauenfeld en 1999 après une vie de cavales successives.

Le film n’est pas une stricte biographie du braqueur, Stürm n’en est pas le personnage principal. C’est son avocate zurichoise, Barbara Hug, qui est l’héroïne de ce récit et la vraie narratrice de celui-ci. Mais aussi les circonstances sociétales et politiques ayant servi de cadre à la collaboration judiciaire des deux protagonistes, comme les émeutes de Zurich en 1980. Les jeunes manifestants d’alors prenaient facilement Stürm comme étendard, fascinés qu’ils étaient par son parcours et sa non-violence. Rappelons aussi que le repris de justice étant devenu, au fil de ses années de placard, un spécialiste du droit, fin connaisseur des lois, il se chargea de dénoncer les conditions de vie en prison, les libertés prises avec la santé des détenus, la dureté de l’isolement et jusqu’à la mauvaise qualité de la nourriture (le Muesli de la mort, disait-il). Il milita pour améliorer les conditions de vie carcérale en écrivant aux journaux, à Amnesty International ou en donnant des interviews à la radio. De même, suprême drôlerie, il songea un temps à se reconvertir en tant que conseiller juridique! Maître Barbara Hug, donc, tout en luttant pour sa santé défaillante, s’employa à soutenir son client.

Porté par deux excellents acteurs, ce film, à la fois biographique et romancé, offre à la comédienne Marie Leuenberger un rôle difficile, y compris corporellement, dont elle se sort formidablement bien. Oscillant entre thriller, biopic, comédie et étude sociétale, il bénéficie d’une bande-son accentuant le côté punk de l’avocate et de son client. Une sorte de mélange entre Trainspotting et un gentil Mesrine à la sauce suisse allemande. Un film réussi, plein d’humour et d’émotion, qui montre également ce qu’était le climat sociétal et la police de cette époque.

Philippe Thonney

Appréciations

Nom Notes
Philippe Thonney 15