Réalisé par | Jean-Jacques Annaud |
Titre original | Notre-Dame brûle |
Pays de production | France |
Année | 2022 |
Musique | Simon Franglen |
Genre | Drame |
Distributeur | Pathé |
Acteurs | Samuel Labarthe, Jérémie Laheurte, Maximilien Seweryn, Jean-Paul Bordes, Mikaël Chirinian, Garlan Le Martelot |
Age légal | 10 ans |
Age suggéré | 10 ans |
N° cinéfeuilles | 874 |
L’incendie de Notre-Dame de Paris donne lieu à une reconstitution entre réalité et anecdotisme du dramatique événement. Son intérêt est l’hommage rendu aux pompiers.
Dans la nuit du 15 avril 2019, la charpente de Notre-Dame de Paris a été détruite par le feu. L’événement, retransmis par les télévisions du monde entier, a fortement frappé les esprits. Pour Jean-Jacques Annaud, il y a là le matériau d’une superproduction - il préfère celle-ci au documentaire, son premier projet. Deux aspects nourrissent sa dramaturgie: «l’émotion et le spectacle du feu».
Le cinéaste français a choisi quelques comédiens, puis lancé un appel aux témoins du monde entier pour obtenir des images qu’il complète par des archives, 5% seulement, dont on regrette qu’elles ne soient pas mentionnées comme telles. En studio, on a incendié des maquettes et des décors grandeur nature «pour filmer de vraies flammes». Le tournage s’est aussi déplacé dans les villes de grande cathédrale, comme Bourges qui ressemble à Notre-Dame, ou Amiens, Sens, Saint-Denis, afin d’y trouver des éléments d’architecture gothique.
Là-dessus se greffent des épisodes fictifs censés remuer les cœurs, c’est le côté «émotion». Comme la petite fille qui veut à tout prix allumer une bougie, ou la dame âgée qui supplie les pompiers de sauver son chat, ou encore l’eau d’une lance d’incendie convertie en larme sur la joue de la statue de Notre-Dame; sans parler des foules en pleurs, en prières, et enfin en chant de grâce… Cette dramaturgie comporte sa part de vrai mais elle dérange. D’autant qu’elle insiste pour susciter une pleurnicherie (de l’émotion, justement), aux dépens d’un sentiment profond de compréhension du drame. Cela étayé par une musique lourdement expressionniste, là où les bruits naturels auraient été ô combien plus éloquents.
Cet anecdotisme ne peut justifier la réalisation de Notre-Dame brûle et les 30 millions d’euros qu’il a coûtés. Heureusement, malgré lui s’impose une intention que Jean-Jacques Annaud a menée à bien, c’est l’hommage aux pompiers. La violence de l’événement est telle que l’inutilité de certaines séquences ne pouvait l’annihiler. Par ailleurs, la reconstitution de l’incendie a probablement été confortée par les témoignages de la corporation. En tout cas, on reste sans voix face à ces professionnels, alourdis par leur matériel, évoluer dans d’étroits escaliers en colimaçon, se glisser sur des poutres proches de l’embrasement, s’accrocher à des balustrades instables, 45 mètres au-dessus du sol. On les voit perchés sur de fragiles appuis, projetant des lances à eau de trop faible portée, se replier parce que leur casque fond, mais toujours tenter de nouvelles solutions.
Ces hommes, ces femmes, leur courage, leur abnégation méritaient qu’on s’y arrête. Un film sobre, resserré sur leur travail les aurait mieux servis. Mais il donne tout de même à mesurer la force de caractère et le sens de la discipline qui s’imposent face à un aussi terrible défi. Notre-Dame en feu n’a pas fait de blessés graves. Sa reconstruction à l’identique a été décidée il y a deux ans. Elle devrait conduire en 2024 à la réouverture, au moins partielle, de l’édifice.
Geneviève Praplan
Nom | Notes |
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Geneviève Praplan | 12 |