À plein temps

Affiche À plein temps
Réalisé par Eric Gravel
Titre original À plein temps
Pays de production France
Année 2021
Durée
Musique Irène Drésel
Genre Drame
Distributeur Xenix
Acteurs Anne Suarez, Geneviève Mnich, Laure Calamy, Cyril Gueï, Nolan Arizmendi, Sasha Lemaître Cremaschi
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 874

Critique

Julie se démène seule pour élever ses deux enfants. Elle habite la banlieue parisienne et travaille dans un hôtel de la ville en attendant de trouver mieux. Quand elle obtient enfin un entretien pour un poste correspondant à ses aspirations, une grève générale éclate, paralysant les transports. C’est tout le fragile équilibre de Julie qui vacille.

Pour A plein temps, son deuxième long métrage, le cinéaste franco-canadien Eric Gravel a reçu le Prix Orizzonti du Meilleur réalisateur et de la Meilleure actrice à la Mostra de Venise 2021. Dans ce film haletant et porté par Laure Calamy, une actrice en tous points remarquable, le réalisateur interroge nos rythmes de vie et nos combats quotidiens. Julie traverse une période difficile, mais tient à ce que ses deux enfants puissent vivre assez près de leur père. Mais tous les problèmes s’accumulent et elle paraît perdre peu à peu le contrôle de son existence. Elle va appeler à l’aide tout en exerçant son métier de service, où l’on est constamment à disposition, où l’on fait et refait les mêmes gestes chaque jour, au travail comme à la maison.

Le contexte social est par ailleurs complexe: une grève générale des transports vient d’éclater et tout craque de partout. En tant que mère responsable de l’éducation de ses deux enfants (4 et 6 ans environ), de leur surveillance générale, on ne peut absolument rien reprocher à Julie. Elle s’acquitte très bien de sa tâche, mais l’environnement extérieur (père, «nounou», la vie urbaine perturbée par les grèves) complique singulièrement sa tâche: tout finit par craquer…

Mise en scène, direction des actrices (les protagonistes masculins sont assez rares), dialogues, tout est bien mené, bien filmé par une caméra vivante et précise. La distance focale s’adapte aux situations: dans les scènes souvent très animées elle est toujours parfaite, même lors des nombreuses déambulations de la protagoniste dans les rues de la ville.

Le cinéaste a réussi par ailleurs à créer des images et un climat de froideur et d’hostilité dans les différents quartiers parisiens que traverse Julie. Toutes ces images s’accompagnent d’une musique électronique qui se présente comme le reflet du monde vécu intérieurement par Julie: ce sont ces tonalités et ces rythmes le plus souvent répétitifs et lancinants que le spectateur doit recevoir comme tels.

Le cinéaste a-t-il placé trop d’obstacles sur la route de Julie? Le tableau social - on pense parfois aux films de Ken Loach, ou aux frères Dardenne - est parfait (il y a sans doute des milliers de femmes dans la situation de Julie). A plein temps est une leçon d’énergie, d’une dizaine de jours, en même temps qu’un constat social, un tableau du travail presque inhumain imposé à une certaine catégorie de personnes. Le film se présente comme le portrait d’une héroïne intelligente et attachante, énergique et ambitieuse, qui pose en passant des questions essentielles sur l’existence et sur la vie familiale au sein de la société d’aujourd’hui.

Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 17