Les Jeunes amants

Affiche Les Jeunes amants
Réalisé par Carine Tardieu
Titre original Les Jeunes amants
Pays de production France
Année 2020
Durée
Musique Eric Slabiak
Genre Comédie dramatique
Distributeur Filmcoopi
Acteurs Melvil Poupaud, Florence Loiret-Caille, Cécile de France, Fanny Ardant, Sharif Andoura, Sarah Henochsberg
Age légal 14 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 873

Critique

L’histoire de ces amants-là, joli prolongement de l’œuvre de la regrettée Solveig Anspach, nous donne surtout envie de parler de Melvil Poupaud.

Il incarne ici Pierre, médecin qui retrouve Shauna (Fanny Ardant) après des années. Cette belle femme de 70 ans, il l’avait connue au chevet d’une patiente, le temps d’un échange dans la cafétéria déserte de l’hôpital lors d’une nuit d’inquiétude. Cette fois-ci, la passion va naître entre ces deux êtres, mettant à nu doutes et fragilités chez l’une et en péril l’équilibre familial de l’autre.

Carine Tardieu a mis en images, avec finesse, le scénario composé par Solveig Anspach (et Agnès de Sacy), malheureusement emportée par un cancer en 2015. Inspiré d’une histoire vécue, le film maintient jusqu’au bout sa promesse d’humour, de sensibilité, porté par des interprétations parfaites. Mais difficile d’en dire beaucoup plus sans multiplier les poncifs. Non, ce qui nous tient à cœur et que cette petite œuvre - sans doute guère destinée à marquer le cinéma malgré sa qualité - permet de mettre en lumière, c’est le talent indiscutable et discret de son interprète masculin.

Discret, Melvil Poupaud l’est assez pour que l’on oublie qu’il a commencé à 11 ans sa carrière avec le réalisateur chilien Raoul Ruiz, qu’il a tourné chez Rohmer, Ivory, Ozon, les sœurs Wachowski et Desplechin, qu’il a adopté toutes les vies imaginées possibles: un homme qui devient femme dans Laurence Anyways (Dolan, 2012), un frère jésuite dans Le Portrait interdit (de Meaux, 2017), un ami un peu flambeur dans Victoria (Triet, 2016) pour ne citer que quelques exemples récents. Mais il s’agit de regarder derrière les dates et noms connus.

Car il faut être un grand acteur pour réussir à faire exister aussi de petits rôles, de petites gens dans les films que l’on traverse et dont on parle moins. Les faire exister non pas au détriment des autres mais par rapport à eux. C’est le cas de Pierre dans Les Jeunes Amants, qui mène sa vie en réaction aux autres, alors même que médecin, il joue un rôle crucial dans les existences qui croisent sa route. De même, Melvil Poupaud-acteur se fait réceptacle et résonance de celles et ceux qui lui font face. Tel un Pierrot lunaire, astre toujours en mouvement autour de planètes plus importantes, il laisse ainsi les autres déployer leur pouvoir d’attraction.

Et pourtant, il pourrait en jouer, de ses yeux sombres qui caressent autant qu’ils traversent les apparences, de son sourire tendre ou carnassier. Mais c’est au-delà du corps. Quelque chose se meut sous la belle et calme surface, quelque chose de profond qui vient animer les gestes et ciseler le regard, faire apparaître ombres et creux, failles et élans.

Alors, on a envie d’élargir le champ, de relire son récit de voyage et de souvenirs cinématographiques (voir CF n. 847), de revoir certains films, afin de saisir cette présence. Même s’il est à parier qu’elle nous a déjà échappé, pour aller habiter un autre rôle, une autre trajectoire pour un prochain rendez-vous. Et c’est bien ainsi.

Adèle Morerod

Appréciations

Nom Notes
Adèle Morerod 14