Maigret

Il fallait oser proposer une nouvelle adaptation de Maigret au cinéma, tant l’œuvre de Simenon a inspiré les réalisateurs, avec cette fois-ci l’adaptation de Maigret et la jeune morte, publié en 1954.

Gérard Depardieu y incarne le célèbre commissaire qui avant lui a connu bien des interprètes, de Jean Richard à Bruno Cremer, en passant par Richard Harris ou Sergio Castellitto. Or, soulignons-le, Depardieu excelle dans ce rôle d’un taiseux dont la très forte présence permet de limiter les dialogues à l’essentiel. Du coup son jeu fait écho aux convictions de son personnage: il ne s’agit pas d’échafauder une théorie, mais de s’en tenir aux faits. Toute démonstration cède donc le pas à la réflexion obstinée et à la prise en compte du moindre détail révélateur. Et si, au détour d’une bouffée, jaillit un trait d’humour - «ce n’est pas une pipe» -, gageons que comme presque toutes les remarques de l’enquêteur faites juste en passant, celle-ci en dit long sur l’homme et sa méthode silencieuse et obstinée que ses collègues peinent à suivre, mais qui, au final, resserre la toile.

A peine enfilé son trench-coat, Depardieu se mue en commissaire parisien, à la force tranquille, pour lequel son métier s’est mis à traduire sa vocation. Ainsi, au-delà de cette force qui émane dudit commissaire, on sent aussi ses fêlures, ses cicatrices qui à peine effleurées font souffrir et génèrent quelque compassion.

Décors soignés, musique présente sans excès, comédiens justes, mise en scène précise, délicat rendu des années 50 font de ce film une petite réussite à suivre non pour quelque suspense, mais pour voir et ressentir une ambiance prégnante, révélatrice d’un homme soucieux de la dignité de victimes mortes ou vivantes.