The Card Counter

Affiche The Card Counter
Réalisé par Paul Schrader
Titre original The Card Counter
Pays de production U.S.A.
Année 2021
Durée
Musique Robert Levon Been, Giancarlo Vulcano
Genre Thriller, Drame
Distributeur CityClub
Acteurs Willem Dafoe, Oscar Isaac, Tye Sheridan, Tiffany Haddish, Alexander Babara, Bobby C. King
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 873

Critique

Le réalisateur Paul Schrader continue sa plongée dans les tourments de ses héros (et de son pays) traumatisés, avec ce film à la fois minimaliste, beau et ambitieux.

En 2017, on avait quitté Paul Schrader, scénariste de Martin Scorsese sur Taxi Driver, Raging Bull ou À tombeau ouvert, sur le magnifique - mais confidentiel - Sur le chemin de la rédemption. The Card Counter lui ressemble en de nombreux points, qui caractérisent plus généralement toute la filmographie de Schrader. Très souvent, tant dans ses scénarios que ses mises en scène, Schrader déconstruit les traumas de son pays et de son époque, à travers les (més-)aventures d’un héros solitaire, torturé par ses démons intérieurs et sur le point de libérer ses pulsions sombres et enfouies. C’est encore le cas ici, où Oscar Isaac incarne William Tell, un ténébreux et talentueux joueur de poker qui écume les casinos après avoir purgé une peine de dix ans en prison. Un jour, il y rencontre Cirk (Tye Sheridan), un jeune adulte paumé, mû par un seul et unique désir de vengeance. William se met en tête de détourner Cirk de cette quête funeste en participant à des tournois prestigieux pour lui financer des études. Cette idée d’offrir une perspective positive semble libérer William de ses démons. Mais ceux-ci ne tarderont pas à resurgir.

Avec un dispositif minimal (trois personnages, une mission) et sa mise en scène d’une sobriété toute calviniste, Paul Schrader dépeint le portrait d’un homme incapable de se libérer de sa prison ou de ses péchés. Son héros est tellement déshumanisé que le purgatoire, qu’il soit en prison ou dans les casinos, est son seul salut. C’est sec, beau et particulièrement pertinent. En filigrane, il y est question des horreurs commises dans la prison d’Abu Ghraib et comment ces actes avilissants laissent des traces, à jamais, tant sur un être humain qu’un pays responsable d’exactions. Le réalisateur excelle à lier le portrait intime et le discours politique. À ce titre, le principal adversaire de William, qui se fait surnommer Mr. USA, est une trouvaille géniale. La réalisation austère de Schrader se nourrit enfin à merveille de l’atmosphère sonore imposante et métallique composée par Robert Levon Been (membre du groupe de rock Black Rebel Motorcycle Club) et de la performance magnétique d’Oscar Isaac, accouchant au final d’une œuvre dense, solide et marquante.

Blaise Petitpierre

Appréciations

Nom Notes
Blaise Petitpierre 15
Kevin Pereira 16
Sabrina Schwob 7
Anthony Bekirov 7