Great Freedom

Affiche Great Freedom
Réalisé par Sebastian Meise
Titre original Große Freiheit
Pays de production Autriche, Allemagne
Année 2021
Durée
Musique Nils Peter Molvaer, Peter Brötzmann
Genre Drame
Distributeur Filmcoopi
Acteurs Georg Friedrich, Franz Rogowski, Anton von Lucke, Thomas Prenn, Alfred Hartung, Andreas Patton
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 872

Critique

En relatant la quête d’amour de Hans Hoffman, ce film retrace, entre 1945 et 1968, l’histoire de l’homosexualité interdite en Allemagne.

Tout commence dans le décor glauque de toilettes où le jeune Hans, rescapé de Ravensbrück, tente de rencontrer sexuellement d’autres hommes, avant son arrestation et condamnation pour récidive à 24 mois d’emprisonnement. Il a une fois de plus violé une loi du Code pénal, punissant tout «homme qui commet un acte sexuel avec un autre homme ou qui se laisse utiliser par lui dans ce but».

C’est à l’occasion de ses allers-retours en prison que Hans rencontre Viktor Bix, tout d’abord dégoûté par Hans et ses attentes, avant de devenir un solide compagnon. On pensera bien sûr aux Evadés de Frank Darabont (1994), avec toutes ces scènes de prison, de bagarres, de mitard, de promenades dans la cour, etc., mais cette fois-ci le vécu est particulièrement pénible d’autant plus que nulle exagération n’altère le propos. Hans et Viktor survivront-ils à leurs incarcérations? Leur relation s’inscrira-t-elle dans la durée? Arriveront-ils à gérer la liberté après tant d’années passées sous les verrous? Pour répondre à toutes ces questions, deux acteurs d’exception se métamorphosent physiquement au fil des périodes. Franz Rogowski (Hans) et Georg Friedrich (Viktor) portent ainsi ce film âpre et nécessaire qui se déroule dans une Allemagne en train de se reconstruire, mais où les droits homosexuels sont une gageure et où l’enfermement guette même l’esprit après le corps.

C’est que le paragraphe 175 du Code pénal, hérité de l’Empire allemand en 1872, puis des nazis qui le renforcèrent en 1935, resta en vigueur jusqu’en 1968 sous le régime de la République démocratique allemande, le régime communiste considérant alors l’homosexualité comme le «cancer de l’homme capitaliste», comme le «fardeau de la bourgeoisie». Et la situation n’était pas plus enviable en Allemagne de l’Ouest où la Cour fédérale constitutionnelle confirma en 1957 la légalité de la répression de l’homosexualité par le régime nazi et où près de 45’000 condamnations furent ainsi prononcées entre 1950 et 1966. Les dispositions aggravées en 1935 du paragraphe 175 ne furent abolies qu’en 1969, et le paragraphe 175 lui-même qu’en 1994.

C’est finalement dans l’Allemagne réunifiée que la réhabilitation des condamnés de la période nazie est votée en 2002. En mars 2017, le gouvernement fédéral décida de réhabiliter les 50'000 personnes poursuivies pour homosexualité en RFA après la Seconde Guerre mondiale et le ministre de la Justice annonça en sus l’allocation de 500'000 euros pour la création d'une fondation chargée du travail de mémoire.

Ce film, présenté au Festival de Cannes en 2021, a obtenu le Grand Prix du Jury dans la section Un certain regard et Franz Rogowski a reçu le Prix du meilleur acteur au Festival de Séville la même année. Même s’il relate le parcours tragique d’un homme en particulier, c’est bien le destin de très nombreux homosexuels qu’il révèle, d’où son importance majeure.

Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Serge Molla 18