Une histoire à soi

Affiche Une histoire à soi
Réalisé par Amandine Gay
Titre original Une histoire à soi
Pays de production France
Année 2021
Durée
Musique Arnaud Dolmen, Ìfé
Genre Documentaire
Distributeur Ciné-Doc
Age légal 10 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 872

Critique

La réalisatrice interroge cinq personnes séparées, dès l’enfance, de leurs parents et de leur pays d’origine puis élevées en France. Leurs récits, accompagnés d’images et de documents, nous entraînent dans leur existence personnelle. Avec une réflexion sur le problème - intime et politique à la fois - de l’adoption.

Âgés aujourd’hui de 25 à 52 ans, Anne-Charlotte, Joohee, Céline, Niyongira et Mathieu sont originaires du Brésil, du Sri Lanka, du Rwanda, de la Corée du Sud et de l’Australie. Leurs récits, leurs images d’archives conservées de l’enfance (dessins, vidéos, photos, lettres, etc.) illustrent leurs vécus. Le film est construit autour des «voix off» de ces cinq enfants - on ne voit pas leur visage d’aujourd’hui - qui sont présentés comme sauvés d’un destin misérable dans un pays souvent en proie à des tensions internes, à la guerre ou à la famine. La cinéaste Amandine Gay veut témoigner à la fois de cette adoption et du traumatisme provoqué chez eux, coupés qu’ils sont de leurs racines et vivant entre famille d’accueil et famille biologique. Les instants de vie des uns se tissent avec ceux des autres, souvent en montage parallèle, et s’efforcent de reconstituer une histoire plus large, plus sociale, plus politique. Tantôt colorés, tantôt retenus ou nostalgiques, ces témoignages se recoupent ou s’affrontent, dressant un portrait nuancé de chacun. Tout naturellement ces personnes vont évoquer leurs origines, avec l’accord de leur famille d’adoption, même si cela peut susciter quelques problèmes ou quelques réticences. Et certaines séquences - celle, par exemple, d’une rencontre entre famille adoptive et famille biologique, ou celle entre une fille qui retrouve son père - sont évidemment chargées d’émotion.

Amandine Gay a su éviter voyeurisme et volonté d’émouvoir: le regard qu’elle porte sur les cinq personnes dont elle cherche à reconstituer le passé est intime. Elle a connu elle-même l’adoption, en 1984, par une famille française (elle est d’origine guadeloupéenne, fille d’un père martiniquais et d’une mère marocaine). Dans son film elle ne fait pas de commentaires personnels en voix off («pour ne pas surligner le propos», dit-elle), et évite d’ajouter une musique trop illustrative (elle a fait appel à un musicien discret des Caraïbes). Le film est donc aussi nourri de l’expérience personnelle de la réalisatrice, mais il aborde également des problèmes plus généraux comme ceux liés à la filiation, aux rapports de classes, à la création d’une nouvelle famille, au racisme.

Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 17