Costa Brava, Lebanon

Affiche Costa Brava, Lebanon
Réalisé par Mounia Akl
Titre original Costa Brava, Lebanon
Pays de production Liban, France, Espagne, Danemark, Suède, Norvège, Qatar
Année 2021
Durée
Musique Nathan Larson
Genre Comédie, Drame
Distributeur trigon-film
Acteurs Saleh Bakri, Nadine Labaki, Yumna Marwan, Nadia Charbel, Ceana Restom, Geana Restom
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 871

Critique

Beyrouth est sous les déchets. L’explosion du port a fait voler en éclats les rêves et les espoirs de la population libanaise. La famille Badri a fui le chaos et les multiples crises de la capitale pour se réfugier dans un écrin de nature, perdu dans les montagnes. Dans ce magnifique premier long métrage, la réalisatrice Mounia Akl parvient à mêler légèreté poétique et violence politique pour raconter son pays.

Des poules, un jardin potager et des oliviers à perte de vue. Un petit paradis. Un couple et leurs deux enfants vivent simplement, en relative autonomie. Cet équilibre temporaire est bousculé par l’arrivée d’un camion, transportant une statue à l’effigie du président du Liban. Costa Brava, Lebanon résume, avec un excellent casting et une belle photographie, les dysfonctionnements de ce pays.

Ainsi, l’éden familial volera en éclats, à cause de l’ingérence politique. Dans cette fiction, la réalisatrice met en scène la crise des déchets (2015) et l’explosion du port de Beyrouth (2020), et représente les désillusions et le désespoir de la population libanaise. Cette métaphore sociale et politique permet de comprendre la situation inextricable du Liban.

Le quotidien des Badri va être chamboulé par la création d’une déchetterie sous leurs fenêtres. Sous la bannière de l’écologie, le gouvernement veut montrer qu’il agit pour régler les problèmes du pays en matière de déchets. Les beaux discours et les applaudissements de l’establishment politique laissent vite place à une décharge sauvage, encore une. La famille Badri est le témoin impuissant de la destruction de leur habitat, alors que Walid (Saleh Bakri) et Souraya (Nadine Labaki) avaient justement fait le choix de se retirer de la capitale pour tenter de vivre loin de la corruption et des agitations politiques de Beyrouth. Les détritus, à un jet de pierre de leur domicile, envahissent lentement mais sûrement tout ce qu’ils avaient construit pour se mettre à l’abri et vivre en autonomie. Leur petit paradis se corrompt. Ils doivent alors choisir entre la résistance et la résignation. «Il ne faut pas prendre la vie trop au sérieux.» Ce conseil de Zeina (Liliane Chacar Khoury), donné à sa petite-fille Rim sur son lit de mort, résonne comme un symbole dans ce pays à la dérive.

Décharge illégale, impunité politique et rêves d’évasion, Costa Brava, Lebanon jette un regard lucide sur la corruption de ce pays et ses effets sur les individus. «On avait plein de rêves, beaucoup d’espoirs. Mais on a tout perdu. Ils nous ont brisés». La famille Badri, c’est le Liban d’aujourd’hui et ses aspirations volées. Ce film cristallise les tensions actuelles du pays, entre le cynisme des dirigeants politiques, et la résignation vis-à-vis des idéaux. Comme des respirations au cours de cette descente en enfer, des scènes oniriques explorent la subjectivité de chaque personnage. Saluons la magnifique interprétation de Rim, cadette de la famille, qui est tour à tour jouée par les jumelles Ceana et Geana Restom. Ce personnage est bien plus qu’une enfant attachante; il représente la fougue d’un pays qui est certes à genoux, mais qui reste digne.

Blaise Petitpierre

Appréciations

Nom Notes
Blaise Petitpierre 17