Nos plus belles années

Une ambitieuse chronique suivant quatre personnages dans l’Italie des quarante dernières années.

Dans les années 80, à Rome, Giulio, Paolo et Riccardo sont trois adolescents inséparables. Le trio est rapidement rejoint par Gemma, dont Paolo est fou amoureux. Ensemble, ils font les quatre cents coups et forgent des grands projets pour l’avenir, en trinquant aux «choses qui rendent heureux». Toutefois, le passage à l’âge adulte et les hasards de la vie les mènent bientôt sur des chemins très différents: contrainte de suivre sa tante à Naples, Gemma travaille dans des bars et se réfugie dans des relations sans lendemain. Paolo travaille dur pour devenir enseignant et rester fidèle à ses valeurs, alors que Giulio, après des études de droit, cède peu à peu aux tentations de l’argent et de la corruption. Riccardo, quant à lui, enchaîne les petits boulots, vit dans la pauvreté et ne parvient pas à obtenir la reconnaissance qu’il pense mériter. Sur près de quarante ans - le récit court de 1981 à 2020 -, les trajectoires de ces quatre protagonistes se croisent, s’éloignent et se rencontrent à nouveau, au fil des différentes étapes de leur existence, entre amitié, loyauté, conflits et trahisons. Leur parcours est également rythmé par les changements de la société italienne durant les dernières décennies et l’inscription progressive du pays dans une société globalisée.

Sorte de relecture moderne de Nous nous sommes tant aimés! d’Ettore Scola (1974), Nos plus belles années parvient immédiatement à capter son spectateur avec son ambiance pleine de nostalgie, son rythme soutenu et ses interprètes - adolescents comme adultes - charismatiques. Il est toutefois victime de son ambition: à la fois film choral suivant quatre individus en parallèle, récit d’apprentissage dépeignant l’évolution de ses protagonistes de l’adolescence à l’âge mûr et fresque socio-historique posant un regard sur l’évolution récente d’un pays, le long métrage perd en subtilité dans les méandres de ses multiples facettes. En effet, ces différents aspects sont abordés trop en surface, et le traitement psychologique des personnages est parfois bâclé et peu crédible, tout comme le discours social et politique, qui demeure dans l’ensemble anecdotique. En définitive, le film n’échappe donc pas aux écueils liés au croisement de plusieurs genres, eux-mêmes complexes à manœuvrer individuellement.