Presque

Le film raconte la rencontre fortuite et l’étrange trajet en voiture de deux personnages très différents. Leur voyage commun ne durera que quelques jours, mais les échanges personnels entre les deux hommes vont immédiatement retenir l’attention. Un film original, souvent émouvant, et plein de surprises.

Quatrième long métrage de l’acteur et réalisateur Bernard Campan, Presque entraîne donc le spectateur à bord du véhicule qui ramène un cercueil de Lausanne jusque dans les Cévennes. Les deux accompagnateurs se sont rencontrés lors d’un petit incident sur la route. Ils ne se ressemblent pas: Louis a 58 ans et se porte bien, tandis qu’Igor est handicapé IMC. On connaît le parcours d’Alexandre Jollien, qui a passé dix-sept ans en institution spécialisée tout en suivant une scolarité tout à fait normale, et qui, par la suite, sera séduit par la philosophie et écrira plusieurs ouvrages sur le handicap, le vivre-ensemble, le bonheur. «Aujourd’hui, dit Alexandre Jollien, j’essaie de vivre à fond les trois vocations que m’a données l’existence: père de famille, personne handicapée et écrivain.» Tout au long de leur voyage Louis et Igor vont réexaminer le sens à donner à leur vie et tenter de définir un art de vivre libre, de prendre l’existence comme elle vient et de faire fi du regard des autres.

Le titre du film n’est guère explicite et laisse à chacun le soin de découvrir, derrière l’adverbe en question, une suite de surprises passagères. Tantôt c’est une apparente banalité qui surgit, tantôt c’est le sérieux ou le comique des incidents du trajet. À la composante intime de plusieurs épisodes peut aussi se mêler le comportement inattendu d’un des deux protagonistes. Louis paraît parfois désarçonné par les réflexions originales et par l’attitude de son compère handicapé, tandis que ce dernier semble tout à coup surpris de découvrir un mode de vie qui est à ses yeux complètement étranger.

Petit road movie de deux hommes qui voyagent en tête à tête Presque est l’occasion d’une rencontre entre la vie, le handicap, la maladie et la mort, rappelant à chacun la nécessité d’accepter les différences et d’aller à la rencontre de l’autre. Le film se conclut peut-être sur un certain nombre de questions sans réponses, la vie restant bien sûr une aventure mystérieuse et toute personnelle. Tout cela est dit à travers des gestes adéquats, des dialogues rapides et subtils, bien soutenus et accompagnés d’une excellente musique et de magnifiques paysages.