Critique
Après sept ans d'absence, le réalisateur de IL POSTO et de L'ARBRE AUX SABOTS revient et présente une vaste fresque historique évoquant les quelques jours d'un épisode guerrier de la Renaissance italienne.
L'empereur Charles-Quint veut conquérir Rome et envoie ses lansquenets. En face des Allemands réformés, disciplinés et bien organisés, l'armée papale, mal payée et conduite tant bien que mal par le jeune capitaine Jean de Médicis, 28 ans. Trahi par ce qu'on appellerait aujourd'hui un transfert de technologie (un seigneur félon livre aux Allemands des pièces d'artillerie et leurs plans de fabrication), celui-ci est blessé par un boulet et meurt d'une amputation qui n'a pu empêcher la gangrène.
Le spectateur se perd un peu dans la galerie foisonnante des personnages, et ce d'autant plus lorsqu'ils se coiffent de leur heaume, le tout baignant dans une lumière crépusculaire (on est en novembre, brouillard et neige règnent, l'éclairage des bougies est faible...) Mais la reconstitution est somptueuse, les décors magnifiques, les scènes composées comme des tableaux d'époque.
Interrogé sur le message de son film, il affirmait proposer une réflexion sur le passage de l'esprit chevaleresque à la guerre moderne. Pour lui, le progrès résulte d'une lutte entre le bien et le mal. Lorsqu'on ouvre un barrage de retenue, il s'écoule de l'eau propre et de l'eau sale; son père disait qu'eaux sales et propres apportent ensemble la vie aux champs qu'elles irriguent.
Le film se termine par la mention du fait - documenté historiquement - que, frappés par la mort de Jean de Médicis, princes et capitaines italiens décidèrent alors que plus jamais les armes à feu ne seraient utilisées contre les hommes. On sait ce qu'il est advenu de ce voeu pie.
Daniel Grivel
