My Kid

Affiche My Kid
Réalisé par Nir Bergman
Titre original Here We Are
Pays de production Israël, Italie
Année 2020
Durée
Musique Matteo Curallo
Genre Drame
Distributeur Agora
Acteurs Uri Klauzner, Shai Avivi, Noam Imber, Smadi Wolfman, Efrat Ben-Zur, Sharon Zelikovsky
Age légal 8 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 869

Critique

En suivant un père et son fils autiste dans leur fuite en avant, Nir Bergman (créateur de Be Tipul, la série à l’origine de En thérapie, d’Arte) propose une réflexion plus large sur le nécessaire et douloureux éloignement entre enfants et parents.

Aharon et Uri se sont construit une petite bulle, à s’occuper de leurs poissons rouges, manger des pâtes-étoiles et partager le miroir pour leur rasage matinal. Mais ce quotidien est mis en péril par la perspective du départ prochain d’Uri. En effet, ce dernier a obtenu une place dans une institution, solution pour laquelle sa mère se bat depuis longtemps, alors même qu’elle ne partage plus la vie des deux hommes. Profitant d’une crise d’Uri au moment de quitter la maison, Aharon repousse l’inéluctabilité de la séparation et l’entraîne dans un périple où figures du passé et situations imprévues vont confronter cette relation si forte à l’extérieur et révéler des fragilités cachées.

Malgré un scénario prévisible dès les premières minutes, ce drôle de road movie est traversé par une tension certaine. Il faut dire que beaucoup repose sur les épaules de Shai Avivi. Ce dernier incarne à la perfection ce personnage de père qui s’est coupé du monde pour s’occuper de son fils et qui tente d’étouffer, par ses soins, sa propre crainte de se retrouver seul. La caméra ne quitte guère son visage, surface impassible sous laquelle angoisse, tendresse, détermination et impuissance se livrent bataille. Les événements extérieurs, les êtres croisés, même ceux qui ont sans doute été aimés, s’effacent - souvent littéralement - dans un arrière-fond flou face à cette obsession de préserver celui dont il a fait la raison de son existence.

Bien que compliquée par l’affliction dont souffre Uri, la séparation inévitable entre parents et enfants est ici abordée sans fard, avec intelligence et sensibilité. Ce basculement parfois soudain révèle bien des failles et des regrets chez les «adultes» et les renvoie brutalement aux choix faits le long du chemin, souvent au détriment de leurs désirs. Mais la route ne s’arrête pas ici; au contraire, elle semble bien se rouvrir sous leurs pas, les conduisant vers un ailleurs encore à construire.

Un mot enfin sur le titre, qui fait allusion au film The Kid de Charlie Chaplin. L’entremêlement explicite, notamment via la musique, entre les deux œuvres confère aux premiers plans du film un rythme, une dimension à la fois nostalgique et décalée. On regrettera dès lors que ce parallèle se transforme trop vite en simple ressort narratif, reconvoqué dès que l’intrigue paraît ralentir.

Adèle Morerod

Appréciations

Nom Notes
Adèle Morerod 13