Braquages

Joe est un homme à qui la vie a souri. Voleur professionnel hors pair, ce virtuose de l'arnaque est entouré de complices fidèles et expérimentés. Sa jeune et séduisante épouse, Fran, fait partie du staff. Tout réussit à cette brillante équipe jusqu'au jour où Joe est filmé sans masque par une caméra de surveillance lors d'un braquage. Grillé, il décide de raccrocher. C'est compter sans Bergman, le receleur véreux: non seulement il le prive du produit du dernier casse, mais lui impose un ultime coup. Son neveu Jimmy, qui commence par draguer Fran sous les yeux de Joe, sera obligatoirement du voyage, protagoniste crâneur et inexpérimenté.

Beaucoup d'éléments réussis dans ce thriller haletant: la mise en scène brillante d'excellents comédiens, en particulier Hackman (Joe) et De Vito (Bergman). Mention spéciale à Ricky Jay (Pincus) pour sa remarquable présence à l'écran. L'action évolue dans des lieux et des décors minutieusement choisis, baignant dans une image étudiée pour mettre en valeur les visages. Les dialogues sont l'huile de ce moteur qui tourne rond.

Décevante en revanche est la minceur de l'enjeu du film. Ces hommes - nous dit-on - ne vivent et ne s'entretuent que pour l'amour de l'or. David Mamet fait miroiter plusieurs autres valeurs qui font vibrer la trame du récit policier et trembler le voile de méfiance omniprésent dans les relations: l'amitié des vieux complices, l'amour et la fidélité d'une femme, la force d'une parole donnée, la vie d'un enfant. Mais ces puissants leviers restent impuissants face à la lourdeur des barres d'or, au déchaînement des coups de feu et à l'obstination cupide des héros.