Réalisé par | Ryusuke Hamaguchi |
Titre original | Doraibu mai kâ |
Pays de production | Japon |
Année | 2021 |
Durée | |
Musique | Eiko Ishibashi |
Genre | Drame, Romance |
Distributeur | Sister Distribution |
Acteurs | Hidetoshi Nishijima, Toko Miura, Masaki Okada, Reika Kirishima, Yoo-rim Park, Dae-Young Jin |
Age légal | 14 ans |
Age suggéré | 16 ans |
N° cinéfeuilles | 869 |
Un metteur en scène de théâtre et sa conductrice deviennent confidents dans ce drame doux-amer, admirablement porté par ses interprètes et rempli de belles idées de cinéma.
Drive My Car n’a pas volé ses nombreuses récompenses, dont les prix du Meilleur scénario et du Jury œcuménique au dernier Festival de Cannes. En adaptant une brève nouvelle de l’auteur Haruki Murakami dans un long métrage d’une durée de trois heures, Ryûsuke Hamaguchi se permet plein d’ajouts et d’expérimentations qui lui permettent de transcender son matériau d’origine.
Il y a une étrange temporalité - avec un générique d’ouverture n’apparaissant qu’après quarante minutes - qui permet aux personnages de se dévoiler de telle sorte que l’on puisse saisir leurs sentiments dans toute leur complexité. Cette très élégante gestion du rythme, où longueur ne se confond jamais avec lenteur, offre l’occasion aux interprètes de jouer leur personnage tout en sobriété et en retenue.
Le réalisateur utilise alors le procédé de la collision pour faire naître nœuds et tensions dramatiques et ce à plusieurs niveaux. Il y a tout d’abord un accident de voiture qui souligne l’étrange rapport que Yûsuke (Hidetoshi Nishijima) entretient avec sa Saab rouge, personnage à part entière, pour fuir et se réfugier dans une réalité fantasmée. Ensuite, le cinéaste confronte les classes sociales, par la rencontre de Yûsuke avec sa future conductrice (Tôko Miura), qui n’ont au premier abord pas grand-chose en commun et qui vont pourtant devenir indispensables l’un à l’autre. Enfin, il y a l’entrechoquement des grammaires et des langages. Le travail de Yûsuke consiste à mettre en scène des pièces de théâtre interprétées en plusieurs langues et de ces décalages linguistiques émergent des moments mystérieux et magiques. Yûsuke devient également une mise en abyme du réalisateur du film, qui lui aussi s’amuse à faire dialoguer la grammaire de deux médiums, théâtre et cinéma, dans un dispositif cathartique.
Il est dommage que le film se close sur un dernier acte en forme de road movie où Yûsuke et sa conductrice sortent littéralement du tunnel. Cette conclusion ne fait que répéter de manière trop surlignée tout ce qui avait été évoqué en non-dits et brillantes idées de mise en scène.
Blaise Petitpierre
Nom | Notes |
---|---|
Blaise Petitpierre | 15 |
Marvin Ancian | 18 |
Serge Molla | 18 |
Sabrina Schwob | 18 |