House of Gucci

Affiche House of Gucci
Réalisé par Ridley Scott
Titre original House of Gucci
Pays de production U.S.A., Canada
Année 2021
Durée
Musique Harry Gregson-Williams
Genre Biopic, Drame
Distributeur Universal
Acteurs Jared Leto, Al Pacino, Jeremy Irons, Adam Driver, Jack Huston, Lady Gaga
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 868

Critique

Le réalisateur prolifique Ridley Scott revient avec un film aux allures de tragédie, autour de la célèbre marque italienne. Prenant, mais surtout porté par une impressionnante brochette de stars.

L’enfer, c’est aussi la famille. En tout cas chez les Gucci, l’argent et le pouvoir créent le malheur, quand ils ne tuent pas. Après Le Dernier duel, en salle le mois passé, Ridley Scott revient avec House Of Gucci sur la vie de Maurizio Gucci (1948-1995), de ses débuts dans la célèbre maison italienne fondée il y a un siècle, jusqu’à la gloire et son assassinat. En presque trois heures, le cinéaste britannico-américain raconte les déchirements qui ont rythmé le parcours de la marque, en coulisses, avant que la famille ne vende ses actions et ne lègue la direction exécutive.

Maurizio Gucci (Adam Driver), timide étudiant en droit, n’a pas vraiment pour vocation de reprendre l’enseigne de son père Rodolfo (Jeremy Irons, parfait en patriarche à l’article de la mort), qui partage la direction de la marque admirée du monde entier avec son frère excentrique, Aldo (Al Pacino, brillant). Mais la vie du jeune prend un nouveau tournant quand il rencontre, lors d’une fête, Patrizia Reggiani (Lady Gaga), fille d’un patron d’une boîte de transport, sulfureuse sous ses airs discrets. Maurizio aime son apparente candeur, l’épouse, contre l’avis de Rodolfo qui voit en Patrizia une profiteuse. Alors que le mariage coupe les ponts entre Maurizio et son père, Patrizia con-vainc l’oncle Aldo d’intégrer son neveu dans la maison de couture, mettant alors à l’écart son incapable de fils Paolo (Jared Leto, méconnaissable), qui se prend pour un grand couturier. Le capitalisme, la jalousie et les trahisons peuvent alors entrer en piste, jusqu’à l’irréparable qui conduira Patrizia au très médiatique procès qui défraya la chronique, en Italie, à la fin des années 90.

Véritable machine à succès, Ridley Scott (Thelma et Louise, Alien, Blade Runner, Gladiator) transforme ici un fait divers en tension permanente; son attrait pour les scènes de dispute, durant lesquelles personne ne lâche le morceau, y est pour quelque chose. Au-delà du récit poignant délivré au compte-gouttes, de l’habile usage des ellipses permettant de mettre en tension plusieurs périodes de vie, et du cadrage enfermant les personnages dans un destin inéluctable, ce sont les interprètes qui élèvent véritablement le film. Lady Gaga, intense et précise, a déclaré à plusieurs reprises s’être inspirée d’animaux pour mieux incarner Patrizia (qu’elle n’a d’ailleurs jamais rencontrée), à toutes les étapes de sa vie. On la croit: elle se glisse tel un aigle dans les interstices du pouvoir, jusqu’à perdre tout contrôle. Le duo qu’elle forme avec sa voyante (Salma Hayek), est d’ailleurs aussi improbable que jouissif, insufflant une folie nécessaire qui permet de mieux intégrer ses invraisemblables péripéties. Adam Driver prouve quant à lui, encore une fois, qu’il n’a plus rien à prouver. Tant l’équilibre qu’il compose entre la retenue et l’indomptable machiavélisme de son Maurizio est réussi. On regrettera pourtant la forme un peu lisse de House Of Gucci, bien éloignée des plus beaux chefs-d’œuvre du cinéaste. Le film aurait pu être présenté en plusieurs épisodes, sur petit écran, sans vraies conséquences pour le public.

Adrien Kuenzy

Appréciations

Nom Notes
Adrien Kuenzy 12