Animal

Affiche Animal
Réalisé par Cyril Dion
Titre original Animal
Pays de production France
Année 2021
Durée
Musique Sébastien Hoog, Xavier Polycarpe
Genre Documentaire
Distributeur Filmcoopi
Age légal 10 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 868

Critique

En cours de tournage, le réalisateur s’est trouvé en manque de moyens et a lancé un appel aux dons sur la toile. Plus de 5'000 internautes y ont répondu. C’est heureux, car le résultat en est un documentaire réussi qui relate, dénonce, explique, sans culpabiliser ou prendre de raccourcis démagogiques.

Le principe en est simple mais imparable. Cyril Dion, cinéaste, écrivain et militant écolo, a recruté deux ados, une Britannique et un Français, très concernés par l’écologie, le changement climatique et l’avenir de la planète. Il les a emmenés dans un tour du monde servant d’état des lieux et leur a fait rencontrer, devant sa caméra, plusieurs personnes allant d’un éleveur de lapins en France au président du Costa Rica. Ces enfants, faisant preuve à la fois de la fougue de la jeunesse, d’un engagement parfois naïf mais sincère et d’une parfaite connaissance de la situation, se retrouveront à poser des questions à des adultes obligés de leur répondre avec clarté et simplicité, sans pouvoir les enfumer avec des graphiques, des chiffres, des idéologies ou des considérations politico-financières.

La première partie du film est absolument sidérante. On voit de nos yeux ce dont on entend parler ou ce que l’on croit savoir, à propos notamment de l’état des mers dans lesquelles des milliers de tonnes de plastique ont été déversées en seulement trois ans. Des plages de Bombay à celles de Californie, où l’on ne perçoit parfois même plus l’eau sous les déchets, ce plastique (cible principale du film) est responsable de multiples extinctions d’espèces. Le ton du film est très intelligent dans la mesure où ces images ne dépriment pas le spectateur, mais le mettent en colère et lui donnent envie d’agir. Agir comme l’a fait par exemple la ville de Bombay qui a promulgué une loi contre l’usage intensif du plastique, ayant conduit à la fermeture de 80 usines ultra-polluantes. D’autres points sont également abordés: l’huile de palme, le charbon, le cuivre, le pétrole, l’élevage intensif... les urgences viennent de ce que le système est limité et la croissance illimitée. Or en médecine, comme nous le rappelle l’un des intervenants, une croissance illimitée dans un système limité, ça s’appelle le cancer. Au XXe siècle, la santé devra passer devant la croissance.

Le film donne également la parole à une militante française s’étant battue avec succès contre la pêche en eaux profondes et l’ayant fait interdire. Cette technique dévastatrice ravageait en quelques secondes des coraux datant de l’époque des pyramides. On apprend aussi, ce qui pourrait être mentionné dans le débat actuel, dans quelle mesure la présence du loup peut améliorer la santé des humains. Quant au président du Costa Rica, il dévoile l’ambitieuse et exemplaire politique forestière de son pays, favorable à la biodiversité.

Plusieurs moments au milieu du film sont plus convenus, et manquent de peu de faire basculer l’ensemble de la réflexion à la larme à l’œil. On voit des dauphins nager, des singes se câliner, on écoute la célèbre éthologue Jane Goodall nous rappeler que les chimpanzés peuvent nous donner des leçons d’amour. Un peu facile et déjà vu, mais peut-être qu’après tout cela aère le film en plus de ravir les deux jeunes. Toutefois, que cela ne vous dissuade pas d’aller voir Animal, c’est vraiment du beau travail.

Les enfants d’ailleurs sortiront eux-mêmes différents de l’aventure. A la fin du périple, la jeune fille confie être prête à remettre en question son avis radicalement favorable au véganisme, de même que sa misanthropie. Elle admet en effet que si certains utilisent leur amour des animaux pour détester les humains, c’est un mauvais calcul car cette haine ne résoudra aucun des problèmes gigantesques auxquels notre planète est confrontée.

Philippe Thonney

Appréciations

Nom Notes
Philippe Thonney 16