Les Choses humaines

Affiche Les Choses humaines
Réalisé par Yvan Attal
Titre original Les Choses humaines
Pays de production France
Année 2021
Durée
Musique Mathieu Lamboley
Genre Drame, Judiciaire
Distributeur Ascot Elite
Acteurs Charlotte Gainsbourg, Pierre Arditi, Mathieu Kassovitz, Audrey Dana, Ben Attal, Suzanne Jouannet
Age légal 14 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 868

Critique

Comme The Last Duel de Ridley Scott, le dernier long métrage d’Yvan Attal se construit autour d’une question brûlante, celle du consentement. Pour en exposer la complexité, les deux œuvres confrontent les points de vue de la victime et du bourreau - du mari également dans le film du cinéaste anglais -, en flash-back lors d’un procès.

Alexandre (Ben Attal, fils du cinéaste), jeune premier, effectue ses études dans une université prestigieuse des États-Unis. De passage à Paris où vivent ses parents, il participe à un repas avec sa mère (dans la vie comme dans le film, Charlotte Gainsbourg), son beau-père et sa belle-sœur mineure, Mila. Claire insiste auprès de son fils pour que Mila l’accompagne lors d’une soirée qui se révélera bien arrosée… et problématique à bien des égards. En effet, par jeu, il la troussera dans un local à poubelles. Évoluant dans une ère post Me Too dans laquelle la parole des femmes se libère, Alexandre devra payer pour son indifférente légèreté.

Cette adaptation du roman éponyme, lauréat du Prix Goncourt des lycéens en 2019, dépeint avec attention le milieu dans lequel la victime, un peu, et son agresseur, surtout, baignent. Fils d’un grand journaliste télévisuel graveleux et d’une mère écrivaine et féministe de droite (elle se convainc que sans migrants, plus de harcèlement), Alexandre hérite de valeurs patriarcales. Plans d’intérieurs étouffants, sombres et immobiles soulignent le caractère mortifère de cet environnement.

Dans ce système, incarné par l’ancienne génération, les femmes s’accommodent de leur statut d’objet, comme si c’était le seul auquel elles pouvaient bien prétendre. Une séquence exprime à merveille cette tendance, lorsque Jean (Pierre Arditi), le père d’Alexandre, s’envoie une jeune stagiaire dans un hôtel, qu’il délaisse directement après l’orgasme. Celle-ci, malgré des pleurs, finira par le contacter à nouveau…

Alexandre a également des antécédents. En arrivant à Paris, il tente de renouer avec une ancienne et nébuleuse relation, muselée par des questions de pouvoir et intérêts professionnels. Aucune violence manifeste ni désir de maltraiter chez ce protagoniste aux traits bien doux, mais doté d’un narcissisme aveuglant.

La première partie du film se présente de manière chronologique, tandis que la deuxième, beaucoup plus réussie, porte sur le procès, entrecoupé de flash-back sur la soirée en question, jusqu’alors restée hors champ. Sans jugement ni parti pris, les différents points de vue sont exposés, les représentations de chacun révélées. Un plaidoyer magistral dénonce les fondements sociétaux nauséabonds qui sous-tendent et valorisent ces actes sexistes. La caméra jusqu’alors figée effectue des mouvements fluides pour inviter à un changement des mentalités.

Bien que le film aurait gagné à suggérer plus par moments - notamment la contradiction chez Claire entre son féminisme et l’envie de préserver son fils -, Les Choses humaines n’en demeure pas moins un film maîtrisé, qui illustre efficacement la manière dont le mal, trop souvent, se commet banalement.

Sabrina Schwob

Appréciations

Nom Notes
Sabrina Schwob 15
Marvin Ancian 15
Adrien Kuenzy 16