Vitalina Varela

Affiche Vitalina Varela
Réalisé par Pedro Costa
Titre original Vitalina Varela
Pays de production Portugal
Année 2019
Durée
Genre Drame
Distributeur Cinémathèque Suisse
Acteurs Vitalina Varela, Isabel Cardoso, Ventura
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 868

Critique

Dans Vitalina Varela, l’obscurité, d’une beauté profonde, règne et menace de ronger le peu de lumière de l’image, comme celle de l’individu.

Le rapprochement entre Vitaline Varela de Pedro Costa et O Fim do Mundo de Basil Da Cunha, tous deux sélectionnés en 2019 au Locarno Film Festival, se laisse esquisser, non seulement par le choix du décor de ces deux films - des quartiers périphériques de la ville de Lisbonne habités par des communautés du Cap-Vert - mais aussi par l’omniprésence de la nuit dans le plan. Celle-ci, crépusculaire dans le second, annonce la destruction d’un monde qui implose de l’intérieur à cause d'une jeunesse désœuvrée et révoltée, tandis que dans le premier elle est le signe du désespoir et de l’anéantissement d’individus cantonnés à vivre dans l’ombre d’eux-mêmes. «I have lost my Faith in the Darkness.» Ces paroles du prêtre résument l’esthétique de l’ensemble de l’œuvre. Après la fuite de son mari du Cap-Vert, Vitalina Varela attend vingt-cinq ans avant d’obtenir un billet d’avion pour le rejoindre à Lisbonne. Peu de temps avant son arrivée, celui-ci décède. Exilée en terrain hostile, elle doit faire le deuil de l'être aimé, comme de la vie qu’elle menait sur ses terres où, bien que dans une situation précaire, elle n’était pas confinée dans les ténèbres.

Des décors austères, pauvres, des musiques festives au loin comme une promesse d’un moment d’oubli qui n’advient jamais, des rues coupe-gorges saisies par un cadre toujours en légère asymétrie. Ce dernier élément crée un déséquilibre dans l’image, soulignant la précarité de la situation des individus au bord de l’écroulement. Dans l’une des séquences les plus réussies de l’œuvre, des pierres tombent du plafond sur la protagoniste pendant qu’elle se douche. Entre la caméra et elle, des bars de fer (celles de la fenêtre) renvoyant à sa carcéralité. Après l’incident, elle ferme les yeux, les mains sur la tête. Par la manière qu’elle a de les ouvrir ensuite, on devine la crise intérieure, menant soit à un effondrement soit à un redressement.

A la démarche mécanique des habitants, à leur aspect un peu figé, et aux regards qui ne se croisent jamais avant la fin du film, tout rongés qu’ils sont par une vie qui ne les a pas épargnés, une échappatoire apparaît dans l’amitié. Le message de Vitalina Varela est simple mais le choix du réalisateur de dénoncer l’enfer du mode de vies de marginaux par une forme aussi magistrale, composée de plans méticuleux et sans pathos, méritait bien le Léopard d’or.

Sabrina Schwob

Appréciations

Nom Notes
Sabrina Schwob 18
Blaise Petitpierre 17