Zahorí

Affiche Zahorí
Réalisé par Marí Alessandrini
Titre original Zahorí
Pays de production Suisse, Argentine, Chili, France
Année 2021
Durée
Genre Drame
Distributeur Adok Films
Acteurs Sabine Timoteo, Lara Tortosa, Santos Curapil, Cirilo Wesley, Pablo Limarzi, Federico Luque
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 868

Critique

Des espaces désertiques, une jument échappée et une jeune fille qui s’émancipe. Le premier film de Marí Alessandrini est une ode à la liberté sous forme de parcours initiatique empreint de poésie.

Mora (Lara Tortosa) a 13 ans et vit dans la steppe argentine avec ses parents, un couple d’idéalistes suisses italiens, et son frère Himeko (Cirilo Wesley). Élève rebelle en soif de liberté, elle rêve de devenir «gaucha» plutôt que de s’ennuyer en cours. Nazareno (Santos Curapil), un vieil indien mapuche à la vue trouble, possède une jument dénommée Zahorí. Une nuit d’orage, l’animal s’échappe.

Malgré les apparences, les deux individus se ressemblent: ils sont des marginaux à un tournant de leur existence. L’adolescence pour Mora, la fin de vie pour Nazareno. Dans un environnement où la communication est compliquée (la radio est la seule source d’information et il faut littéralement gravir des montagnes pour utiliser un téléphone), ils parviennent à se comprendre en peu de mots. Lorsque Zahorí s’enfuit, ils se lancent à sa recherche. Une quête ultime pour Nazareno, initiatique pour Mora.

L’un des objets de fascination du long métrage de Marí Alessandrini est sa puissance visuelle. Les paysages de Patagonie (filmés en scope) sont grandioses et la steppe joue un rôle prépondérant. Elle représente la terre natale de Nazareno en même temps que celle où les parents de Mora tentent désespérément de faire pousser des légumes. Elle est également le sol que foulent des heures durant deux missionnaires évangélistes qui viennent apporter la «bonne parole» aux habitants, et un certain décalage au film. Mais surtout, elle est l’environnement dans lequel évolue Mora pour se rendre à l’école avec son frère ou partir à la recherche de Zahorí qui galope librement, elle aussi, dans ces mêmes plaines. Dans cette immensité mystique, le long métrage tend par instants vers le fantastique, notamment à travers les rêves de Nazareno. Ces séquences offrent au film une facette onirique et des plans somptueux.

Alors que Clint Eastwood patauge dans des codes dépassés du western avec Cry Macho (voir CF n. 867), Zahorí apporte un vent de fraîcheur revigorant en actualisant le genre. Après deux courts métrages tournés en Patagonie, Marí Alessandrini s’approprie à nouveau cette terre où elle a grandi et signe une œuvre emplie de douceur. Et ça fait du bien.


(Voir aussi l’interview de Marí Alessandrini dans CF n. 862, pp. 4-5.)

Marvin Ancian

Appréciations

Nom Notes
Marvin Ancian 16
Adrien Kuenzy 14
Sabrina Schwob 18