Se souvenir des belles choses

Affiche Se souvenir des belles choses
Réalisé par Zabou Breitman
Pays de production France
Année 2001
Durée
Genre Drame, Romance
Distributeur Pan Européenne Edition
Acteurs Isabelle Carré, Bernard Le Coq, Zabou Breitman, Bernard Campan, Anne Le Ny
Age légal 14 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 431
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Histoire d'amour, réflexion métaphysique, plongée dans les secrets de la mémoire et descente aux enfers. Pour sa première réalisation, Zabou Breitman réussit le pari d'en faire une œuvre forte, cohérente et émouvante.

Claire est une jeune femme qui se sait atteinte de la maladie de sa mère, une forme précoce de la maladie d'Alzheimer. Lucide et forte, elle décide librement de se faire admettre dans une clinique où se soignent et vivent des femmes et des hommes atteints de toutes sortes de traumatismes cérébraux. Philippe connaît de nombreux troubles qui le fragilisent à la suite d'un accident dont il se rend responsable et qui a coûté la vie des siens.

Ces deux êtres sensibles se croisent du regard d'où va naître un amour réparateur qui les reconstruit. C'est une histoire banale mille fois racontée, mais Zabou Breitman le fait avec une extrême délicatesse et un total respect de ses personnages. Elle a su s'effacer derrière ce qui ressemble à un documentaire, en évitant le pathos et le mélo auxquels un tel sujet pouvait donner lieu. Mais elle laisse passer une émotion contrôlée qui fait la force du film.

Cette réussite, elle la doit au choix de ses acteurs. Elle a su éviter la facilité en ne confiant pas ces rôles difficiles à de grosses pointures du cinéma français qui eussent tiré la couverture à eux... Isabelle Carré joue juste, de la première à la dernière séquence avec cette simplicité que lui confère l'inquiétude de sa mémoire qui s'en va. Pour interpréter le rôle de Philippe, la réalisatrice a eu l'idée, en apparence saugrenue, de choisir Bernard Campan, un des héros déjantés des ""Nuls"" qu'on vient de voir en roi mage sur nos écrans. Il est remarquable dans ce contre-emploi. Zabou Breitman que l'on connaît comme comédienne et qui, ici, a passé de l'autre côté de la caméra, a fait un superbe travail de directrice d'acteurs.

Ce film est essentiellement une histoire d'amour, mais aussi une réflexion sur l'importance de la mémoire, sans laquelle l'être humain n'est plus rien. C'est pour cela que Philippe devient la mémoire vivante de Claire et qu'il réussit, pour un temps, à lui redonner vie et indépendance. On n'oubliera pas de si tôt la séquence au cours de laquelle Claire prépare un repas de fête, entourée dans sa cuisine d'une série de réveils dont la sonnerie marquait les étapes de sa recette. Pas davantage sa promenade en ville, l'oreille collée au magnétophone qui, par la voix de Philippe, lui indique avec précision le chemin qui va la conduire à la boulangerie.

Il ne faut pas cacher qu'il s'agit aussi d'une descente aux enfers. Claire ne pourra pas guérir. Mais qu'importe. Ce qui compte, le titre du film le dit, c'est SE SOUVENIR DES BELLES CHOSES. Il y a de la lumière à profusion dans ce chant d'amour.





Zabou Breitman



Zabou Breitman mène, depuis 1985, une carrière d'actrice de théâtre, de cinéma et de télévision. SE SOUVENIR DES BELLES CHOSES est son premier film et elle en signe le scénario et la réalisation. ""J'ai une passion pour les documentaires, dit-elle. Tout y est affaire de justesse dans la distance. J'ai beaucoup pensé à Raymond Depardon en travaillant sur ce film. Il y a toujours chez lui un profond respect des personnes et un regard qui n'est jamais voyeur."""

Maurice Terrail