Si on chantait

Affiche Si on chantait
Réalisé par Fabrice Maruca
Titre original Si on chantait
Pays de production France
Année 2021
Durée
Musique Alexandre Azaria
Genre Comédie
Distributeur SND
Acteurs Clovis Cornillac, Chantal Neuwirth, Annie Grégorio, Alice Pol, Artus, Jeremy Lopez
Age légal 8 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 867

Critique

Si on chantait est un film qui fait le pari périlleux de la comédie. Périlleux, car faire rire est un art qui a beaucoup à nous apprendre. Qu’il nous renvoie à nous-même en prenant la forme d’une expression naturelle et spontanée, qu’il signale l’adhésion à un code social sophistiqué ou encore qu’il autorise la subversion en manifestant le droit à la transgression, le rire, on le voit bien, est une question paradoxalement on ne peut plus sérieuse. Car rire, en réalité, c’est toujours rire «de quelque chose», mieux, c’est toujours rire «de quelque chose» avec «quelqu’un». Il faut bien comprendre ce que cela implique: rire constitue sans doute aucun le meilleur instrument idéologique qui soit, en ceci qu’il permet de regrouper des individus autour d’un même univers de croyance. En un mot, ou plutôt deux, le rire est à la fois porteur d’une question identitaire - avec qui rit-on? - et le mobile d’un enjeu politique - quel est son objet? Bien que ces détours puissent paraître anodins ou injustifiés dans un texte critique, je crois plutôt qu’ils sont ici nécessaires pour bien comprendre la nature des reproches que j’adresse à ce film: le comique auquel il nous invite est insidieux, pire, nauséabond, voire carrément dangereux. Pour ne pas faire preuve d’un excès de sévérité vis-à-vis d’un long métrage débrouillard et supposément bienveillant, il se peut tout à fait que le message propagé soit involontaire ou inconscient. Il n’en demeure pas moins que dresser un portrait du milieu prolétaire (après la fermeture de leur usine, Franck et ses anciens collègues Sophie, José et Jean-Claude montent une entreprise de livraisons de chansons à domicile) aussi grotesque et impossible - car disons-le clairement, les gens qu’on nous dépeint sont des créatures irréelles - construit un propos inacceptable sur l’avilissement instauré en condition du salut. Car il faut bien se rendre compte de ce qui se joue avec ce film: sous ses airs de feelgood movie, de comédie bienveillante - complaisante? -, ce long métrage tourne littéralement des ouvriers en ridicule. Mais après tout, on est là pour rire un peu… ce n’est pas méchant… Et on y chante en plus, des chansons populaires… ce n’est pas méchant, vraiment… Mais là où certains diront comédie, d’autres, du moins je l’espère, crieront à raison à l’hypocrisie. Honteux.

Kevin Pereira

Appréciations

Nom Notes
Kevin Pereira 2