À voix basse

Affiche À voix basse
Réalisé par Heidi Hassan, Patricia Pérez Fernàndez
Titre original A media voz
Pays de production SUISSE, FRANCE, CUBA, ESPAGNE
Année 2019
Durée
Musique Olivier Militon, Patricia Cadaveira
Genre Documentaire
Distributeur Outside the Box
Acteurs Heidi Hassan, Patricia Pérez Fernàndez
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 867

Critique

Étrange correspondance filmée entre deux amies et réalisatrices qui se retrouvent après une abrupte rupture, le documentaire est aussi une réflexion sur le déracinement, le temps qui passe et l’art de filmer.

Au début des années 2000, Heidi et Patricia incarnent les espoirs du cinéma cubain. Meilleures copines depuis l’enfance, elles réalisent des courts métrages remarqués jusqu’en Europe. Un jour, Heidi profite d’une invitation à un festival prestigieux pour fuir Cuba et disparaître sans prévenir, ce qui inflige une profonde blessure à cette amitié. Quinze ans après cette rupture abrupte, Heidi et Patricia renouent contact via une correspondance emplie de questionnements, de désillusions et de nostalgie.

Les films comme À voix basse, qui mettent frontalement en scène leurs auteures, risquent facilement de sombrer dans une approche narcissico-nombriliste, sans inclure assez le spectateur. Pourtant, ici, cette crainte s’avère infondée. À travers un autoportrait tissé autour de correspondances, Patricia Pérez Fernàndez et Heidi Hassan excellent à universaliser leur récit, au demeurant déjà fort poignant. Leur séparation et leurs retrouvailles, qui auraient pu ne rester qu’anecdotiques, prennent l’opportunité d’aborder une multitude de sujets. Il y a d’abord le deuil de cette solide amitié de jeunesse qui a volé en éclats à la suite d’un besoin de fuir l’oppression du régime cubain. Puis la vie de clandestine et le déracinement social et culturel qui en découle. Il y a également la nostalgie du temps qui passe, les désillusions qui s’empilent et les rêves qui finissent par disparaître. Enfin, il y a ce questionnement sur la démarche de filmer qui se cristallise au fil du récit. Les réalisatrices réussissent à aborder tous ces sujets en combinant pudeur et franchise. Si on peut leur reprocher une certaine superficialité, notamment en raison de la rapidité avec laquelle sont abordées toutes ces questions, le film, à la fois délicat et sincère, parvient tout de même à transcender la simple démarche cathartique. Et réussit à donner du sens à des retrouvailles douces-amères, sans laisser le spectateur à quai.

Blaise Petitpierre

Appréciations

Nom Notes
Blaise Petitpierre 14