A Good Man

Affiche A Good Man
Réalisé par Marie-Castille Mention-Schaar
Titre original A Good Man
Pays de production Belgique, France
Année 2020
Durée
Genre Drame
Distributeur Agora
Acteurs Alysson Paradis, Noémie Merlant, Soko, Vincent Dedienne, Gabriel Almaer, Anne Loiret
Age légal 12 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 866

Critique

Réalisation vouée à attiser les polémiques de par son sujet et de par les personnes qui l’ont traité, A Good Man ne parviendra sûrement pas à mettre tout le monde d’accord, mais demeure un film touchant et intéressant.

Benjamin (Noémie Merlant) et Aude (Soko) forment un couple heureux depuis plusieurs années. Leur bonheur est cependant entaché par l’impossibilité de cette dernière d’avoir un bébé, ce dont ils rêvent. Benjamin prend alors une décision: face à la stérilité d’Aude, ce sera lui qui portera l’enfant. En effet, il est un homme transsexuel en transition, et possède encore les organes féminins lui permettant d’enfanter.

Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi un tel film soulève des controverses. Il lui est notamment reproché (à raison) le fait que les personnes principalement impliquées dans le projet sont cisgenres, et surtout l’actrice principale, Noémie Merlant. Mentionnons toutefois que le coscénariste, Christian Sonderegger, a réalisé il y a quelques années un documentaire sur son demi-frère trans, Coby. Étant moi-même cisgenre, l’exercice de l’écriture de ce texte est délicat, car je ne sais pas à quel point le long métrage reflète la réalité des personnes transgenres, même si celui-ci est basé sur une histoire vraie, celle de Thomas Beatie, le premier homme enceint. Je peux cependant affirmer qu'il s’agit d’une œuvre très émouvante qui n’exploite pas non plus le pathos à outrance. Elle expose plutôt les difficultés de Benjamin avec sensibilité, au sujet de son rapport à la société, qui ne connaît pas son «secret». Mais aussi à sa famille, avec laquelle il entretient une relation semblable à une rose, à la fois belle et épineuse, et à sa compagne, pour qui tout n’est pas idyllique non plus. Sans jamais jouer la carte de la victimisation: le spectateur compatit déjà grâce aussi à la belle performance de Noémie Merlant. Une réplique illustre d’ailleurs très joliment cette idée d’équilibre émotionnel, tout en soulignant une revendication de la communauté LGBTQIA+: Benjamin, accusé par son frère de «vouloir tout», réplique qu’il veut simplement la même chose que lui.

Le personnage d’Aude, bien que faisant preuve d’un grand soutien envers son compagnon, questionne le processus dans lequel s’engage le couple et la notion de genre sur de nombreux aspects: comment réagira le corps de Benjamin, qui doit alors arrêter sa transition? Celui-ci sera-t-il légalement considéré comme la mère de leur enfant? Comment réagiront les gens de l’île où ils se sont réfugiés pour fuir «l’enfer» que vivait le jeune homme à Aix-en-Provence? Certaines de ces questions peuvent refléter celles du spectateur, mais toutes ne trouvent pas de réponse, car, outre la rareté d’un homme enceint, le genre est une notion si fluide et mystérieuse qu’on ne peut pas tout expliquer de manière cartésienne. Le film n’a pas non plus pour vocation d’expliquer la transidentité, et il ne s’agit pas d’une histoire de coming out, ce qui est rafraîchissant. L’accent est davantage porté sur l’histoire d’amour entre Aude et Benjamin et sur leur dévorant désir d’enfant. Polémique mise à part, il inspirera peut-être la réflexion et le chemin vers plus de compréhension. C’est tout ce qu’on peut lui souhaiter.

Amandine Gachnang

Appréciations

Nom Notes
Amandine Gachnang 16
Marvin Ancian 15