Les Olympiades

Affiche Les Olympiades
Réalisé par Jacques Audiard
Titre original Les Olympiades
Pays de production France
Année 2021
Durée
Musique Rone
Genre Comédie, Romance, Drame
Distributeur Filmcoopi
Acteurs Noémie Merlant, Lucie Zhang, Makita Samba, Jehnny Beth, Camille Léon-Fucien, Oceane Cairaty
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 866

Critique

En Compétition officielle au dernier Festival de Cannes, le long métrage du cinéaste français multiprimé Jacques Audiard ancre habilement quatre trentenaires en mal de repères dans le 13e arrondissement de Paris, une zone aussi graphique que cosmopolite.

Un quartier d’abord. Celui des Olympiades, dans le 13e arrondissement de Paris, entre l’avenue d’Ivry et la rue de Tolbiac. De loin les lignes graphiques du contour des gratte-ciel et des milliers de fenêtres encadrent des ombres, humaines, mouvantes. Le cinéaste français Jacques Audiard mise aussi sur le noir et blanc pour révéler les contrastes du quartier multiculturel, et bâtir des ponts entre chaque élément, jusqu’à élever ce premier tableau vers un autre temps, en quelques secondes. Puis une voix opère la transition, catapultant le récit à l’intérieur d’un appartement qui n’échappe pas aux deux teintes, avec tous les gris intermédiaires; ceux-ci puiseront d’ailleurs, jusqu’à la fin, leurs forces dans un jeu de pouvoir et d’oppositions présent aussi bien sur le plan esthétique que narratif.

Une fois à l’intérieur, le temps s’arrête aussi pour Émilie (Lucie Zhang) et Camille (Makita Samba). La première use d’une voix grave et se caricature, toute nue, face au second qu’elle n’a presque pas connu avant qu’ils fassent l’amour. Les personnages agissent tout comme le récit se déroule, en allant droit au but. Dans un second temps, les explications font surface, insufflant profondeur et ambivalence aux échanges, jusqu’à présenter par bribes les fêlures qui transpercent les âmes et organes. Émilie, jeune Franco-Chinoise qui vient d’achever ses études à Sciences Po, se complaît dans l’ironie et son activité de téléphoniste qu’elle déteste, partagée entre le poids de sa famille et la soif d’émancipation. Camille enseigne la littérature dans un lycée mais se lasse d’interactions frustrantes. Après Émilie, qu’il rencontre en répondant à une annonce de colocation, il fait la connaissance de Nora (Noémie Merlant), aussi trentenaire. Alors que Camille tente de se recycler dans l’immobilier et pose en gendre idéal, dans son complet-veston, celle-ci débarque dans l’entreprise et est candidate pour renouer, à contrecœur, avec son activité d’avant, après avoir essuyé un traumatisme à l’université alors qu’elle tentait de reprendre, sur le tard, des études de droit.

Nora pense trouver l’amour dans sa relation avec Camille, quand celui-ci ne voit pas qu’Émilie l’attend. La communication virtuelle sert alors de prétexte pour générer tous les malentendus, atteignant son paroxysme quand Nora se laisse fasciner, toutes les nuits, par Amber Sweet (Jehnny Beth), une cam-girl qui finira par quitter son rôle dans de bouleversantes circonstances. C’est d’ailleurs là toute la réussite du long métrage inspiré de nouvelles graphiques d’Adrian Tomine: dépeindre des chocs aussi violents que révélateurs de notre époque, dans un quartier de tous les possibles, où chaque recoin laisse sa trace chez son personnage, qui s’épuise autant qu’il reste toujours porteur d’espoir. Les protagonistes n’oubliant jamais que la vie continue.

Adrien Kuenzy

Appréciations

Nom Notes
Adrien Kuenzy 17
Marvin Ancian 14
Serge Molla 16