Tre Piani

Affiche Tre Piani
Réalisé par Nanni Moretti
Titre original Tre Piani
Pays de production Italie, France
Année 2020
Durée
Musique Franco Piersanti
Genre Comédie dramatique, Comédie, Drame
Distributeur Filmcoopi
Acteurs Margherita Buy, Nanni Moretti, Riccardo Scamarcio, Alessandro Sperduti, Elena Lietti, Gea Dall'Orto
Age légal 14 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 866

Critique

Le réalisateur italien Nanni Moretti adapte pour la première fois une œuvre littéraire et délivre un long métrage en demi-teinte, moins décalé et percutant que ses plus belles pépites.

Trois familles vivent dans le même immeuble, réparties sur trois étages. Tre piani, le titre justement du dernier film de Nanni Moretti, tisse sa toile au fil des entrechoquements des protagonistes, qui ne cessent de remettre en doute leur destin et celui des autres. Au départ, l’acte irréparable d’un fils, Andrea, ivre, fonçant par accident sur une femme, la tuant. Le jeune de 20 ans, qui vit au troisième avec ses parents juges, Dora et Vittorio (Nanni Moretti), implore leur aide. La première a pitié, le deuxième ne veut rien entendre et attend froidement le jugement. Plus bas il y a Monica qui a mis au monde son premier enfant. Alors que son mari Giorgio travaille à l’étranger, la jeune maman craint de sombrer dans la folie, tout comme sa propre mère placée en psychiatrie, et souffre de solitude et d’incompréhension. Enfin, au premier étage, Lucio est convaincu que sa fillette Francesca a été maltraitée par son vieux voisin Renato, alors que celui-ci la gardait, avant de se perdre étrangement dans la forêt et de souffrir d’amnésie. Ici la soif de vérité de Lucio se mue progressivement en paranoïa permanente.

Présentée en Compétition au dernier Festival de Cannes, l’œuvre adaptée du roman éponyme d’Eshkol Nevo ne laisse aucun répit aux personnages, dont la vulnérabilité les enjoint d’enchaîner des actes douloureux pour se protéger ou défendre la cause d’un proche. Chaque crise apparaît aussi comme l’écho d’une autre, résonnant à tous les étages, jusqu’à former une constellation de frustrations intenables dont chacun peine à s’extraire. Pour mieux approfondir le sentiment de culpabilité, le cinéaste acclamé use aussi habilement d’ellipses temporelles, projetant à deux reprises son histoire cinq ans plus tard, sans aucune trivialité. La réussite du film tient alors du fait que chaque période de vie n’est qu’un prétexte pour mieux fouiller, sous plusieurs angles, les mêmes obsessions des personnages, comme si ceux-ci ne quittaient jamais leur carcan psychologique. Le réalisateur offre ainsi un récit anxiogène réussi mais dont la conclusion, des plus frustrantes, fige les personnages dans un lyrisme auquel à ce stade personne ne tient. On regrettera enfin l’absence de cette douce légèreté présente dans d’autres œuvres plus abouties d’un artiste au demeurant incontesté.

Adrien Kuenzy

Appréciations

Nom Notes
Adrien Kuenzy 14
Serge Molla 16
Sabrina Schwob 14