Lynx

Réalisé par le photographe animalier Laurent Geslin, Lynx pose l’éternelle question de la répartition entre œuvres prévues pour le cinéma ou la télévision. Documentaire animalier, à la durée et au discours formatés pour une diffusion sur les ondes, le film aura néanmoins droit à son petit tour dans les salles, sans réussir à nous convaincre qu’il y a sa place. Mais dans son genre, il remplit tout à fait son contrat: les images sont belles, aidées par les décors majestueux du Jura, et le traqueur photographe parvient pleinement à rendre compte de son implication, des mois d’attente, de la patience nécessaire et de l’amour qu’il porte à cette nature impénétrable. Malheureusement, la musique pesante d’Armand Amar gâche parfois notre immersion, en rajoutant des couches de sentimentalisme inutile. Car le récit créé par le film fonctionne mieux lorsqu’il est confié aux soins de ses protagonistes. Les lynx, bien sûr, mais pas que. Tout un peuple les entoure, qui n’est jamais exclu par la caméra mais pris dans un même mouvement. Comme le dit le commentaire: stratégies et alliances rattachent tous ces êtres, prédateurs comme proies, oiseaux comme mammifères. Seul l’homme peine à trouver sa place, pillant celle des autres. Routes et braconniers tuent sans retenue. La jeune femelle lynx, elle, ira sans prétention s’installer aux abords de zones habitables, montrant qu’une cohabitation est pourtant possible.