Le Trésor du Petit Nicolas

Affiche Le Trésor du Petit Nicolas
Réalisé par Julien Rappeneau
Titre original Le Trésor du Petit Nicolas
Pays de production France
Année 2020
Durée
Musique Martin Rappeneau
Genre Comédie, Famille
Distributeur Pathé Films
Acteurs Jean-Pierre Darroussin, Jean-Paul Rouve, Pierre Arditi, Audrey Lamy, Grégory Gadebois, Ilan Debrabant
Age légal 6 ans
Age suggéré 8 ans
N° cinéfeuilles 865

Critique

La troisième adaptation au cinéma du turbulent et craquant gamin de Goscinny et Sempé ne reflète pas assez l'esprit des ouvrages.

Les histoires du Petit Nicolas sont comme celles de Tintin: destinées à un public de 7 à 77 ans, même si cela fonctionne déjà avant 7 ans et toujours après 77. Il suffit de relire aujourd’hui les ouvrages écrits par Goscinny et illustrés par Sempé pour se rendre compte que rien n’a vieilli; ni l’acuité du regard, ni le langage, ni la tendresse, ni le comique des situations, ni les fous rires provoqués. Aujourd’hui le cinéma s’empare du célèbre petit garçon pour la troisième fois, après deux opus honnêtes mais sans plus. C’est la fois de trop, en attendant l’inévitable quatrième épisode.

Le plus réussi dans le film, c’est le casting. On reconnaît du premier coup d’œil les enfants, pour autant que l’on connaisse les histoires. Les Alceste, Clotaire, Eudes, Agnan le chouchou de la maîtresse ou Geoffroy-qui-a-un-papa-très-riche-et-qui-lui-achète-tout-ce-qu’il-veut, tous sont bien choisis, de même que Nicolas. Pareil pour certains des adultes, tels que Grégory Gadebois dans le rôle du Bouillon ou sa consœur de la Comédie-Française Adeline D’Hermy dans celui de la maîtresse d’école (mention spéciale pour son interprétation). Dans des personnages moins reconnaissables immédiatement, on a le plaisir de voir Jean-Pierre Darroussin, Pierre Arditi qui nous fait un Monsieur Moucheboume anthologique. Quant au père de Nicolas (qui est le vrai héros du film alors qu’il n’est guère plus qu’une silhouette dans les livres), il est interprété avec une grande naïveté et une jolie retenue par Jean-Paul Rouve. Seule fausse note: Audrey Lamy, qui comme d’habitude se regarde jouer, avec ses moues et ses œillades directement sorties des sitcoms qui l’ont fait connaître. Cela devient vraiment fatigant à la longue.

C’est l’histoire qui rend malheureusement le film très quelconque. Le récit principal - une chasse au trésor organisée par le père pour distraire Nicolas et ses copains - pourrait être vécu par n’importe quel protagoniste, n’importe quelle famille. Le Petit Nicolas lui-même devient rapidement un personnage secondaire, voire tertiaire, et c’est un mauvais calcul. Les vrais héros sont les adultes. On ne trouve donc que très peu des réflexions, des actes, des réactions et des regards sur le monde du garçonnet, qui font évidemment tout le sel des livres. Ce sont les «intrigues» secondaires, comme le vol des sifflets du Bouillon ou les efforts de Nicolas pour saboter la promotion professionnelle de son père, qui amorcent un rapprochement des trouvailles espiègles de René Goscinny. Signalons tout de même que les dix dernières minutes permettent de toucher du doigt la tendresse naïve qui nous a tellement plu en tant que lecteurs. Bien trop tard et on le regrette, tout comme l’absence de cet irrésistible humour enfantin.

Les décors et les costumes sont très réussis, et le cinéaste n’abuse heureusement pas d’effets de mise en scène ou de musiques comiques. Finalement le gros souci est que le cinéaste a adapté Le Petit Nicolas, mais en a tout simplement oublié l’esprit.

Philippe Thonney

Appréciations

Nom Notes
Philippe Thonney 6