Lui

Après le déjanté Rock’n Roll et le décevant Nous finirons ensemble, Guillaume Canet revient avec une œuvre personnelle radicalement différente dans laquelle la comédie laisse place à l’étrangeté, la camaraderie à l’introspection.

Un compositeur en mal d’inspiration (Guillaume Canet) délaisse sa femme (Virginie Efira) et ses enfants pour s’isoler sur une île bretonne. À son arrivée, il s’installe dans une vieille bâtisse à l’étage mystérieux et au piano désaccordé. Rapidement, des visiteurs viendront troubler le calme ambiant.

Fidèle à ce synopsis, les premières minutes sont intrigantes et tendent vers le thriller. L’île est quasi déserte et la maison, entourée d’arbres et juchée en haut d’une falaise, inquiétante. Cependant, lorsque les visiteurs dévoilent leur identité, la tonalité du film devient tout autre. Comprenant que ces nouveaux arrivants ne sont que le fruit de son imagination, le spectateur plonge dans la tête d’un artiste névrosé qui - pour sauver son couple, voire sa vie - doit lutter avec son «lui» destructeur. Sobrement dénommé «le connard», ce dernier est à son tour matérialisé en chair et en os, les conflits intérieurs ne font alors que commencer.

Le film, dans son décalage et son absurdité, fait indéniablement penser aux réalisations de Bertrand Blier, notamment Le Bruit des glaçons, où un cancer était, lui aussi, personnifié à l’écran. Sans la maîtrise des dialogues de Blier, Lui est par instants répétitif, mais parvient néanmoins à retranscrire toutes ces voix qui viennent parfois s’entrechoquer dans nos têtes et avec lesquelles il faut s’accorder. Et, comme pour son piano, le personnage de Guillaume Canet est seul dans cette aventure.

Écrit en trois semaines et réalisé en quatre avec une équipe réduite et les moyens du bord (une seule caméra et un budget limité), Lui est sans doute le film le plus intimiste de son auteur. Né en plein confinement, il retraduit de manière très personnelle cet événement. Une parenthèse avant sa prochaine production d’une tout autre envergure: Astérix et Obélix: L’Empire du Milieu.