Mon légionnaire

Affiche Mon légionnaire
Réalisé par Rachel Lang (II)
Titre original Mon légionnaire
Pays de production France, Belgique
Année 2020
Durée
Musique Odezenne
Genre Drame
Distributeur Sister
Acteurs Louis Garrel, Naidra Ayadi, Camille Cottin, Ina Marija Bartaité, Aleksandr Kuznetsov, Léo Lévy
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 865

Critique

Combiner engagement militaire et vie conjugale ne va pas de soi, ce que souligne ce film fort et documenté, sélectionné par la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, qui nous plonge dans la vie des légionnaires français au Mali et celle de leurs épouses qui les attendent en France.

Tout commence par l’arrivée en Corse d’une jeune ukrainienne (Ina Marija Bartaité, talentueuse actrice lituanienne, hélas récemment décédée) venue retrouver sur l’île son fiancé (Aleksandr Kuznetsov), enrôlé depuis peu dans la Légion étrangère, élite de l’armée française. Leur mariage ultérieur la fera rentrer dans le «club» des épouses, menée avec maestria par la femme du commandant. Elle se liera à cette occasion d’amitié avec l’épouse d’un lieutenant (Louis Garrel, surprenant dans ce rôle très bien assumé), qui la prendra comme baby-sitter pour leur petit garçon. Toutefois, cette vie «tranquille» alterne avec les périodes d’engagements à l’étranger des militaires où la famille de ces hommes devient celle de leur bataillon.

Rachel Lang, jeune réalisatrice, tente de montrer, en puisant dans sa propre expérience - elle est lieutenant de réserve et fut au Mali avec l’opération Barkhane -, le quotidien de ces soldats tant dans leur vie sur le terrain que dans leur vie privée lors des permissions. «J’ai voulu mettre, dit-elle, l’accent sur la base arrière, comment cet engagement se répercute sur les familles.»

On suit donc en particulier le jeune marié et son supérieur, au jour le jour, au Mali, aux prises avec un ennemi quasi invisible, et lors de leurs permissions en Corse. Camaraderie, fraternité, virilité et parfois courage s’illustrent dans le désert africain, alors qu’ennui, attentes, éducation des enfants et rares téléphones, aussi craints qu’espérés, occupent les épouses restées en Corse, insérées dans un milieu très traditionnaliste. Hommes et femmes, qui ont vécu des mois durant des expériences si opposées, peinent donc à se retrouver entre deux missions. Le désir est là, bien que l’autre ne soit plus tout à fait le même, ce que souligne le traitement filmique des corps et de la sexualité. «Je ne reconnais pas l’odeur de mon mari quand il rentre de mission, confesse l’une des épouses.» C’est dire que le retour du terrain est difficile, que la tendresse lors des retrouvailles n’est pas forcément au rendez-vous, que tenir tout à la fois le rôle de père et de militaire est presque une gageure, et que le sens de l’engagement n’apparaît pas avec évidence à tout un chacun, fussent-ils des amis.

Cette réalisation, qui introduit donc à un monde peu connu tout en interrogeant la conjugalité, invite aujourd’hui à une solide empathie avec la famille et les proches du caporal-chef Maxime Blasco, récemment décédé au Mali.

Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Serge Molla 15
Marvin Ancian 12
Adrien Kuenzy 10