Nemesis

Affiche Nemesis
Réalisé par Thomas Imbach
Titre original Nemesis
Pays de production SUISSE
Année 2020
Durée
Genre Essai documentaire
Distributeur Frenetic
Acteurs Milan Peschel
Age légal 8 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 864

Critique

Thomas Imbach filme depuis la fenêtre de son atelier la destruction de l’ancienne gare de marchandises de Zurich jusqu’à l’édification du nouveau Centre de police et justice - et sa prison. Un essai documentaire à la fois fascinant et obscur, mais qui laisse peu de place au spectateur.

L’expérience devient physique quand les murs s’effondrent. Depuis sa fenêtre, Thomas Imbach scrute les étapes de la mort lente de l’ancienne gare de marchandises de Zurich: ses toits arrachés par les bras de grosses machines, les sols percés faisant apparaître les caves et ses pierres qui s’amoncellent dans d’immenses sacs, avant d’être emportées hors du site. Tel un voyeur, gardant la distance toujours, le cinéaste a filmé depuis 2013 l’évolution de la zone urbaine en face de son atelier. Au fil de Nemesis, une nouvelle prison remplace peu à peu cette gare qui longtemps a permis de gérer un important flux de marchandises, et dont les habitants s’étaient progressivement réappropriés l’espace, jusqu’à ce que les politiques en décident autrement.

Durant plus de deux heures, l’essai documentaire fait aussi émerger, en voix off, diverses strates narratives: des histoires personnelles du réalisateur, dont quelques bribes au sujet du grand-père menuisier, mais aussi des propos évaluant la xénophobie ambiante de notre pays ainsi que des témoignages de réfugiés détenus dans des prisons suisses. Si dans un premier temps, ces récits parallèles résonnent avec les images - on s’imagine les requérants d’asile croupir dans la future prison et le réalisateur méditer durant les longues heures de son tournage -, l’effet ne dure pas. Nemesis s’éloigne vite de l’expérience immersive pour se muer en exercice de style. Même si l’idée de se poser en retrait pour délivrer un regard personnel sur cette nouvelle ère reste très belle. Thomas Imbach capture aussi quelques microhistoires et autres amourettes sur le chantier, octroyant, passé les séquences d’effondrement du vieux bâtiment, encore une certaine densité aux images. Les suivantes apparaissent malheureusement comme une illustration maladroite - et très abstraite - du discours généré par la voix off. Celle-ci finit d’ailleurs par surplomber désagréablement le tout.

Adrien Kuenzy

Appréciations

Nom Notes
Adrien Kuenzy 13