Tides

Affiche Tides
Réalisé par Tim Fehlbaum
Titre original Tides
Pays de production ALLEMAGNE, SUISSE
Année 2021
Durée
Musique Lorenz Dangel
Genre Science-fiction
Distributeur Vega / Praesens-Film
Acteurs Iain Glen, Nora Arnezeder, Sebastian Roché, Sarah-Sofie Boussnina
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 863

Critique

Dans des décors à couper - littéralement - le souffle, cette production internationale déroule un récit post-apocalyptique un peu prévisible mais porté par d’excellents acteurs.

Les premiers instants de Tides posent radicalement le ton: la chute incontrôlée d’une navette spatiale est entrecoupée de cartons noirs résumant le contexte de l’histoire. Cette alternance entre des plans serrés, bruyants, qui nous projettent vers l’inconnu et le calme inquiétant des explications d’un monde qui nous échappe encore crée la confusion. Et lorsque la capsule s’écrase enfin, que des silhouettes indistinctes s’en libèrent, avant d’échouer sur une plage infinie, nous sommes aussi perdues qu’elles.

Blake (Nora Arnezeder) fait partie d’une expédition à destination de la Terre, alors que le restant des humains s’est réfugié sur Kepler et caresse l’idée d’un retour possible. L’enjeu central: voir si les corps retrouvent leur fertilité sur notre ancienne planète. Son seul coéquipier survivant la guide depuis leur navette, enregistrant les observations qu’elle fait. Mais la désorientation grandit alors qu’elle parcourt un paysage sans aucun repère, très vite recouvert par le brouillard.

En faisant de l’exploration d’un territoire inconnu et immense une expérience quasi claustrophobique, toujours intimement liée au point de vue du personnage principal, le film réussit à inverser la tendance des nombreux exemples du genre, auxquels il fait par ailleurs volontiers référence (voir l’article de Colin Schwab sur le NIFFF dans CF n. 860/1, p. 50) et qui font la part belle aux plans larges et spectaculaires. L’environnement, certes magnifiquement inquiétant, de ces étendues soumises aux marées du titre, reste presque un hors-champ, traduisant aussi la difficulté de Blake à donner du sens à ce qu’elle voit. Qui sont les ennemis? Les tribus sauvages, abandonnées sur Terre et sans pitié par souci de survie, ou les astronautes échoués de la première expédition, réfugiés dans d’énormes navires, citadelles rouillées des temps oubliés? Quel langage adopter, celui des regards et des gestes ou celui de la science, qu’on partage avec ceux de chez soi? Mais où est ce foyer d’origine?

On regrettera que ces indéterminations se résolvent, à partir de la seconde moitié du film, dans un scénario plus classique, où les méchants sont bien ceux qu’on pensait. Néanmoins, la tension ne se relâche pas, aidée par des acteurs impeccables, Iain Glen et Nora Arnezeder en tête, que la caméra ne quitte presque pas, et un souci de préserver jusqu’au bout cet ancrage quasi viscéral dans des lieux sombres, humides, sans horizon. Réjouissons-nous qu’une coproduction de chez nous parvienne à un tel niveau de cohérence esthétique et d’efficacité sensorielle - ça n’est pas si courant que ça.

Adèle Morerod

Appréciations

Nom Notes
Adèle Morerod 14
Marvin Ancian 11