Flag Day

Sélectionné en compétition à Cannes, Flag Day est un drame familial qui marque le retour du comédien Sean Penn derrière la caméra.

Tiré d’une histoire vraie, le long métrage suit la trajectoire de John Vogel, un homme charismatique mais peu fiable qui, malgré les promesses qu’il fait à sa fille Jennifer, s’enfonce inexorablement dans des entreprises illégales. Perçu à travers le personnage de la fille, le récit s’étend sur plusieurs décennies: dans un premier temps, il relate l’enfance de celle-ci dans les années 70, période à laquelle elle idéalise son père avant qu’il abandonne la famille. Des années plus tard, on voit Jennifer adolescente fuir le nouveau compagnon abusif de sa mère et retrouver John qui, malgré ses tentatives de vivre honnêtement, s’embourbe de plus en plus dans la petite criminalité - il est d’abord faux-monnayeur, puis braqueur de banques. Devenue journaliste, Jennifer croise enfin à nouveau la trajectoire de son père dans les années 90, après sa sortie de prison.

Malgré la nature des activités de John, le film ne bascule jamais dans le registre du thriller: il s’agit d’un drame qui dépeint la relation entre un père et sa fille. Le long métrage parvient à créer de réels moments d’émotion, principalement dans les scènes de retrouvailles, de tension ou de tendresse entre les protagonistes. La réussite de ces séquences tient principalement à l’interprétation de Sean Penn et de sa fille Dylan, qui incarnent avec justesse les deux personnages principaux.

Au niveau de la réalisation, des plans contemplatifs tournés caméra à l’épaule et un montage visible accompagné de la voix over du personnage de la fille rappellent le cinéma de Terrence Malick, qui semble être l’une des références principales de Penn - au point de donner parfois l’impression qu’il le singe un peu maladroitement. Par ailleurs, le film partage avec les œuvres de Malick certains défauts, notamment son ton très mélodramatique et premier degré. Saluons en revanche l’utilisation judicieuse d’une bande originale plaisante qui dynamise le rythme du récit.

Sean Penn signe ainsi une œuvre imparfaite mais non dénuée d’intérêt, et livre une performance convaincante qui donne envie de se replonger dans son excellente filmographie en tant qu’acteur.