Tout s’est bien passé

Affiche Tout s’est bien passé
Réalisé par François Ozon
Titre original Tout s’est bien passé
Pays de production France
Année 2021
Durée
Genre Comédie dramatique, Drame, Comédie
Distributeur Filmcoopi
Acteurs André Dussollier, Sophie Marceau, Eric Caravaca, Géraldine Pailhas, Charlotte Rampling, Hanna Schygulla
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 863

Critique

Après la jeunesse et le rayonnement d’Été 85, François Ozon dépeint la vieillesse, la maladie et l’attente de la mort, qui s’inscrivent sur le visage d’un André Dussollier méconnaissable. Avec toujours, en toile de fond, l’exploration des rapports troubles entre les êtres.

Adapté du livre autobiographique d’Emmanuèle Bernheim, écrivaine et fidèle scénariste du cinéaste disparue en 2017, Tout s’est bien passé est avant tout le portrait d’un père et de sa fille. André (André Dussollier), ancien collectionneur d’art reconnu, affaibli par un AVC, demande à Emmanuèle (Sophie Marceau) de l’aider «à en finir». Ce point de départ vite posé, il s’agit moins de savoir si cela se produira, puisque l’on s’est déjà que «tout s’est bien passé», mais de voir comment les relations se redessinent autour d’un tel événement. Car outre Emmanuèle, interviennent aussi, avec plus ou moins de distance, sa sœur Pascale (Géraldine Pailhas), leur mère Claude (Charlotte Rampling) et leurs proches. Blessures, humiliations et éclats d’un lourd passé tendent dès lors à refaire surface à tout moment.

On ne mentira pas: ce monde grand bourgeois parisien, cher à Ozon, qui vit entre galeries d’art, restaurants de luxe et société cosmopolite, agace. Heureusement, ces scènes sont rares. La majeure partie du film se déroulant dans des chambres d’hôpital dont l’univers limité, froid et déshumanisé est bien plus fort. Couleurs sans éclat, rigidité des visages souvent saisis en gros plans, décors de murs et de couloirs, la mort semble s’infiltrer partout, même dans l’intimité d’Emmanuèle. C’est un cadre parfait pour ce à quoi le cinéaste excelle: nous rappeler la violence sous-jacente, invisible et banale qui existe dans notre rapport aux autres. Le suicide médicalement assisté apparaît dès lors comme une fausse question et un vrai prétexte pour explorer les relations complexes, traversées de devoir, de reconnaissance et de frustration, qui structurent cette famille.

Si le film se concentre sur le duo (excellent) Marceau-Dussollier, avec ses traumas et ses écueils, l’exclusion des autres protagonistes est bien plus frappante: celle de la mère, murée dans son silence et sa maladie, et surtout celle de la sœur d’Emmanuèle, aussi bien absente des préoccupations de son père que des souvenirs d’enfance de sa sœur - présentés en flash-back quasi oniriques. De son mariage raté, de son métier choisi pour suivre les traces de son père, de son effacement à côté de cette sœur qu’elle aime pourtant, on devine tout le poids, celui des efforts non reconnus, de la nécessité de tenir quand même. Le cinéaste choisit toutefois de résoudre systématiquement ces tensions par l’amour que chaque personnage porte à sa manière au patriarche - une solution à notre goût un peu facile, qui affaiblit la portée provocante du film.


Adèle Morerod

Appréciations

Nom Notes
Adèle Morerod 13
Georges Blanc 14
Serge Molla 15